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Actus

150 pros de l’info à Bruxelles : Vive la « diversité inclusive » !

14/11/2014
Mediane

Échange de bonnes pratiques en sous-groupes. Crédits : Alain Dewez

La société belge, c’est bien connu, n’est composée que de jeunes hommes blancs, nés en Belgique de parents belges, et dotés d’au moins un diplôme universitaire. On n’y rencontre pas de personnes handicapées et les quelques immigrés qu’on croise parfois pensent tous de la même manière. Il y a quelques Noirs aussi. Ils font du sport.

Non ? Non.
C’est pourtant cette curieuse société qui apparait trop souvent dans l’information des médias. On peut, bien sûr, formuler le constat pour les autres pays européens. Voilà pourquoi le Conseil de l’Europe (47 Etats membres) et l’Union européenne travaillent ensemble depuis plusieurs années à modifier les mentalités et les pratiques, notamment dans le secteur des médias. Dans la foulée d’une campagne « Dites Non à la discrimination » (2008-2011) et du programme MARS (« Média et antiracsime dans le sport », 2011-2012), un gros chantier avait été ouvert sous le nom de « programme Mediane » pour renforcer les capacités des professionnels de l’info à inclure la diversité et les principes de non-discrimination dans leurs productions et leurs rédactions. Les 12, 13 et 14 novembre, ce chantier se clôturait à Bruxelles avec une ultime rencontre européenne. Elle avait été précédée de 160 échanges de pratiques médiatiques, de 7 rencontres thématiques et de réunions internationales à Chypre et au Portugal. Depuis le début, l’AJP a été active dans ce projet.

Dans le recrutement aussi

Le 12 novembre, quelque 150 journalistes, managers de média, formateurs et responsables d’associations de journalistes venus de tous les coins du continent se retrouvaient à la RTBF – l’hôte de cette rencontre – pour une session qui s’annonçait avant tout pratique. Il s’agissait de découvrir l’outil d’évaluation et d’aide à l’action qu’est la « Mediane box », et de mettre aussitôt en commun réflexions et propositions.

Mot clé – et concept clé – de cet outil : la « diversité inclusive », dont on ne trouve malheureusement aucune définition claire sur le site de Mediane. Il s’agit de prendre en compte la variété des composantes de la société dans la production de l’information et dans la constitution de l’opinion publique. Ce faisant, la caricature de société évoquée plus haut devrait céder la place à une représentation plus réelle de nos sociétés hétérogènes dans les médias. L’ « inclusivité » devrait aussi se manifester dans les rédactions dont on sait depuis l’étude de l’AJP[1] qu’elles ne sont pas, en Belgique, un modèle de diversité.
« La diversité est une part importante de l’ADN européen », insistait Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF, dans son propos d’accueil. Il en va de même pour les médias et elle est d’ailleurs inscrite dans les dix priorités de la charte des opérateurs publics, rappelait le patron de la RTBF, également président de l’Union des radios-télévisions (UER) de service public. « Cette diversité doit se marquer dans un ensemble d’actions, dans la politique de formation et de recrutement, dans des partenariats et une capacité à engager des dialogues ».

Sortir de la niche et du mimétisme

Les outils que sont les baromètres de la diversité, établis à l’échelle européenne et nationale (ceux, chez nous, du CSA et de l’AJP) permettent d’objectiver les choses, même si leurs unités de mesure sont parfois discutées (comme les catégories « Blancs » et « Non-Blancs »). On sait ainsi qu’en Europe, 5% seulement des articles de presse concernent les migrants et un quart seulement des articles parlent des femmes. Quant à la présence de celles-ci dans les entreprises (notamment médiatiques), l’objectif de la Commission européenne est d’atteindre 40%. Elles sont actuellement 30% dans les médias publics. Autre chiffre, donné cette fois par le Centre (belge) pour l’Egalité des chances : sur 52 articles à propos des Roms recensés lors d’une étude, 3 seulement leur donnaient la parole…

Epinglons encore ces quelques réflexions livrées lors d’une table ronde avec des professionnels belges : « Au CSA, on pose la question de la diversité en terme de cohésion sociale » (Muriel Hanot) ; « Avant, la diversité était une notion de ‘’niche’’ dans les programmes. Maintenant, nous la voulons transversale » (Stephane Hoebeke, RTBF) ; « Nous devons sortir du mimétisme qui amène tous les médias à solliciter les mêmes experts, et aller à la rencontre d’autres interlocuteurs » (François Ryckmans, AJP) ; « Intégrer la diversité contribue à la qualité de l’information » (Christophe Berti, Le Soir) ; « Et elle pourrait aussi élargir les publics (Martine Simonis, AJP) ; « La discrimination commence par l’ignorance. A nous de montrer la diversité également à l’intérieur d’une catégorie sociale, et d’utiliser les mots justes. » (Sandrine Wartsztacki, Alter Echos).

J.F.Dt

Info : www.coe.int/mediane/fr

[1] « La diversité au sein de la profession de journaliste », Bruxelles, avril 2013

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