Le droit d’auteur est à la fois « moral » et « patrimonial ». Les droits moraux sont le droit de divulgation, les droits de paternité et le droit à l’intégrité. Lorsqu’il en use, le journaliste ne doit en rien les justifier. Ces droits sont siens, il ne doit pas argumenter pour en faire usage. Le « droit de divulgation » consacre le seul fait que le journaliste-auteur décide seul et souverainement du moment où son oeuvre sera publiée. On considère en fait que dès qu’il remet son texte ou sa photo à l’éditeur, le journaliste (employé ou free-lance) accepte tacitement que l’oeuvre peut être rendue publique. Le « droit de paternité » permet à l’auteur de revendiquer son oeuvre. Par exemple, en exigeant qu’elle soit signée de son nom, de ses initiales, de son pseudo… Mais l’auteur, bien sûr, n’est pas obligé par la loi de signer son texte ou sa photo. Enfin, le « droit à l’intégrité » offre à l’auteur la possibilité d’exiger que son oeuvre soit diffusée sans modification, sans altération. dans le domaine de la presse, on imagine mal que ce dernier droit soit absolu.Un rédacteur aurait mauvaise grâce à râler parce qu’on a coupé trois mots dans son texte. Sauf évidemment si c’étaient les trois mots « qui comptent » ; si sans eux le papier a changé de sens. Comment savoir si on est dans ce cas de trahison ? Une seule solution : demander aujuge ce qu’il en pense. N’est-il quand même pas plus sage d’éviter cette épreuve ? Par exemple, en espérant que les auteurs puissent faire preuve d’humilité, de tolérance et de compréhension devant ceux qui les relisent ou les mettent en page. Et que ces relecteurs en tous genres les en remercient par du respect, de la compétence, de la prudence. Mais ce n’est plus une… « question de droit ».

Journalistes n°20, octobre 2001, Alain Guillaume

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