[an error occurred while processing this directive]
Actus

Un canal sécurisé pour les sources

05/02/2015

Sourcesûre

Mise jour le 13/02/2015

Lancé officiellement le 12 février à Paris et à Bruxelles, le site « Sourcesûre » rassemble à ce jour cinq partenaires médias : la RTBF, La Libre Belgique, Le Soir, Le Monde et France Télévision. Son ambition : devenir une grande plateforme internationale francophone en accueillant aussi des médias suisses et québécois notamment.
Inspiré d’une expérience néerlandaise, le site est une boite aux lettres ultrasécurisée destinée aux lanceurs d’alerte qui pourront y déposer des infos confidentielles de façon anonyme (s’ils le souhaitent) et non traçable. Ils choisiront d’adresser leur envoi à un seul media ou à plusieurs. Si le lanceur d’alerte accepte d’être recontacté, le journaliste destinataire pourra le joindre en ligne, via un code unique et secret. Il va de soi que les médias vérifieront, mèneront leur enquête et décideront ou non de donner suite.
La porte ouverte à une cohorte de « corbeaux » ? « Le site n’est pas une entreprise de délation, insiste Francis van de Woestyne, rédacteur en chef de La Libre. Il s’agit d’encourager la transparence dans nos démocraties fatiguées et de permettre des révélations comme celles du ‘’Luxleak’’ et ‘’Suissleak’’ ». Alain Lallemand (Le Soir), estime essentiel d’organiser des canaux sécurisés pour des lanceurs d’alerte. « Certaines sources qui appellent depuis leur gsm pensent que masquer leur voix suffit à les protéger ! », déplore-t-il. Jean-Pierre Jacqmin (RTBF) voit dans ce projet une initiative démocratique, qui met à la portée de tous ce dont, jusqu’à présent, seules quelques sources connues et bien armées (façon Snowden) disposaient. Quant au risque de voir déferler les « corbeaux », il souligne que ceux-là n’ont pas attendu « Sourcesûre » pour balancer leur dénonciation ; que les infos seront évidemment scrupuleusement vérifiées, et qu’il reviendra à l’enquêteur d’insister auprès de sa source pour qu’elle se dévoile auprès de lui si cela était indispensable pour la suite de son travail.
Les médias non contactés ne pourront pas voir que d’autres l’ont été. Et ces derniers pourront choisir de travailler chacun pour soi ou ensemble. Y compris dans un tandem Le Soir-La Libre ? « Si des enquêtes internationales sont menées à 50 médias, on peut le faire aussi en Belgique à 2 », répond Christophe Berti, rédacteur en chef du Soir. Boutade ? Ce serait en tout cas une première…
Côté technique, « Sourcesûre » fonctionne grâce à deux logiciels-serveurs (GlobaLeaks et Tor2Web) et avec le système d’exploitation TAILS. Les textes envoyés sont cryptés et les quelques journalistes habilités à les recevoir disposent chacun d’un code de décryptage personnel. Les traces de connexions sont effacées de l’ordinateur lorsqu’on l’éteint et un logiciel permet de supprimer les métadonnées des textes et des images (le site n’est pas prévu pour accueillir des vidéos.)

J.F.Dt

Rens. : info@sourcesure.eu

Partagez sur