L’AJP a pris connaissance ce 12 décembre, de la décision du kern de modifier la réforme annoncée de la fiscalité des droits d’auteur et de maintenir l’abattement fiscal forfaitaire sur les droits d’auteur pour les droits nés de prestations artistiques réalisées par les titulaires d’une attestation de travail des arts.

Si nous soutenons la décision d’exonérer de la réforme des auteurs parmi les plus précaires (les artistes), nous pointons l’oubli fondamental d’un pan entier d’auteurs relevant sans conteste de cette catégorie : les journalistes.

En effet, tout comme les artistes, les journalistes sont des auteurs. Une partie de leurs revenus (jusqu’à 30% pour les salariés, jusqu’à 50% pour les indépendants) constituent à ce titre des droits d’auteur. Pour l’immense majorité d’entre eux, ces revenus ne dépassent pas le premier plafond annuel de 20.100 euros (concerné par l’actuel abattement fiscal forfaitaire de 50%). Ces revenus leur permettent de maintenir la tête hors de l’eau, dans un secteur en crise, où les salaires sont bas et les tarifs des indépendants souvent dérisoires, non indexés depuis des années.

La réforme actuelle aboutit à un doublement de la taxation pour ces auteurs.

Les artistes bénéficient du statut du travailleurs des arts. Nous rappelons que les journalistes (et a fortiori les journalistes indépendants) ne bénéficient pas d’un tel filet de sécurité. Ils et elles comptent donc d’autant plus sur le régime fiscal actuel des droits d’auteur, qui ne constitue pas une mesure de confort, mais bien une nécessité. On observe déjà que, faute de revenus suffisants, beaucoup quittent la profession. Il fait peu de doute que ce mouvement sera amené à s’intensifier si la réforme devait rentrer en application, impactant directement l’information délivrée au public.

Dans un contexte où les réformes et pressions à l’encontre des médias et des professionnels de l’information se succèdent (arrêt du soutien à la distribution, dé-financement de la RTBF, réforme des médias de proximité, fusion annoncée de Rossel et IPM, coupes successives et brutales dans les rédactions, tarifs non indexés, etc), cette nouvelle réforme vient appauvrir encore une fois, précisément, les journalistes. Ceci a un impact direct sur la qualité et la diversité de l’information, et donc le débat démocratique.

A l’heure de la désinformation galopante, où les craintes pour le pluralisme sont réelles, le secteur des médias devrait au contraire être intensément soutenu. Fragiliser toujours plus les journalistes va à l’encontre de ce qu’une société soucieuse de sa vitalité démocratique devrait au contraire garantir.

Nous demandons donc au Gouvernement de revoir sa position sur l’abattement fiscal forfaitaire, ou, à tout le moins, d’inclure les journalistes professionnel·es dans les exceptions qu’il prévoie.

Communiqué de l’Association des Journalistes professionnels (AJP)

Bruxelles, 16 décembre 2025