Israël : Arrêtez d’affamer les journalistes de Gaza pour faire taire la vérité
Le gouvernement israélien utilise délibérément la famine comme une arme contre la population de Gaza, y compris les journalistes et les travailleur·euses des médias, qui sont les seul·es à témoigner des atrocités commises, alors qu’Israël interdit l’accès aux médias étrangers. La Fédération Européenne des Journalistes (FEJ) se joint à la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) pour demander aux gouvernements du monde entier, à l’Assemblée Générale des Nations Unies et à la communauté internationale de prendre des mesures urgentes pour mettre fin aux violations des droits de l’homme commises par Israël à Gaza, y compris les restrictions à l’aide humanitaire et le danger de mort auquel les journalistes sont exposé·es. Les Fédérations réitèrent leur appel au gouvernement israélien pour qu’il permette aux journalistes étrangers d’accéder à l’enclave et qu’il cesse de porter atteinte au droit de savoir du public.
La crise de la faim dans la bande de Gaza assiégée a atteint un niveau de désespoir stupéfiant, un tiers de la population n’ayant pas mangé pendant plusieurs jours d’affilée. Telle est la sombre conclusion à laquelle est parvenu Ross Smith, haut fonctionnaire du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies, le 21 juillet. Les habitant·es de Gaza meurent chaque jour du manque d’aide humanitaire, ce qui pourrait être évité si Israël faisait preuve de la volonté politique nécessaire.
Les journalistes et les professionnel·les des médias de Gaza, seul·es à rendre compte des atrocités commises par Israël dans l’enclave depuis le 7 octobre, font partie de celles et ceux qui sont privés de nourriture. L’interdiction des médias étrangers par le gouvernement israélien, qui invoque des « raisons de sécurité », empêche non seulement les journalistes de faire leur travail mais prive également le public de son droit à la liberté d’expression, qui comprend le droit de recevoir et de diffuser des informations sans ingérence des autorités publiques et sans considération de frontières.
La Société des Journalistes (SDJ) de l’Agence France-Presse (AFP) avertit dans un communiqué que ses collègues à Gaza sont gravement menacés de famine et demande une intervention urgente pour les évacuer. « Nous risquons d’apprendre leur mort à tout moment, et cela nous est insupportable […] Nous refusons de les voir mourir. »
Le vice-président de la FIJ et président du Syndicat des journalistes palestiniens (PJS), Nasser Abu Bakr, a lancé un appel au monde entier pour sauver la vie de plus de deux millions de personnes à Gaza qui vivent sans nourriture, sans eau et sans abri sous les bombardements, y compris les journalistes qui continuent à faire des reportages malgré les crimes et la famine. Nasser Abu Baker a appelé les médias à « rendre compte de la tragédie sans précédent que sont le génocide et la famine qui sévissent à Gaza ».
Le secrétaire général de la FIJ, Anthony Bellanger, a déclaré : « Il est impératif que le gouvernement israélien cesse d’armer la famine contre la population de Gaza. Les reporters locaux sont les seuls à témoigner des atrocités commises par Israël, et les faire mourir de faim revient à faire taire la vérité, ce qui est considéré comme un crime de guerre par la Cour pénale internationale. Nous demandons instamment aux gouvernements du monde entier, à l’Assemblée générale des Nations unies et à la communauté internationale d’intervenir pour mettre un terme à cette catastrophe d’origine humaine et de faire pression sur le gouvernement israélien pour qu’il autorise les journalistes étrangers à entrer dans la bande de Gaza et qu’il facilite l’évacuation des journalistes locaux qui en ont besoin. »
« Nous saluons la plainte déposée mardi 22 juillet contre le gouvernement belge par un groupe d’ONG pour dénoncer son inaction face au massacre de civils et de journalistes à Gaza par l’armée israélienne, a ajouté le secrétaire général de la FEJ, Ricardo Gutiérrez. Nous appelons la société civile européenne à intensifier ces actions en justice contre les États qui s’abstiennent de prendre des mesures de rétorsion contre l’État d’Israël, violant ainsi la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. La FEJ demande à l’UE de revenir sur sa décision de ne pas suspendre l’accord d’association avec Israël, d’imposer un embargo sur les armes et d’engager des poursuites judiciaires contre les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité qui se perpétuent à Gaza et en Cisjordanie. »
Selon les données de la FIJ, plus de 171 journalistes et professionnels des médias palestinien·nes ont été tués à Gaza depuis le 7 octobre 2023.
Ce texte est la traduction de l’article posté en anglais sur le site de la Fédération européenne des Journalistes le 22/07/2025.