Mobilisation pour les journalistes palestinien·nes et le droit d’informer : Rassemblement en hommage aux 219 journalistes tué·es à Gaza
Ce mardi 26 août 2025, l’AJP, aux côtés de la VVJ, la FEJ, la FIJ, la SDJ de la RTBF, le syndicat des journalistes palestiniens et l’API[1] organisait un rassemblement au Mont des Arts, à Bruxelles, en solidarité avec les journalistes palestinien·nes, afin de condamner les assassinats commis par le gouvernement israélien et dénoncer l’interdiction d’accès du territoire gazaoui à la presse internationale.
Les noms des 219 journalistes tué·es à Gaza y ont été lus par une quarantaine de journalistes, principalement belges francophones, toutes rédactions et âges confondus. La lecture a duré une vingtaine de minutes. Une minute de silence a également été observée. L’ambiance était au recueillement, à la confraternité et à la sobriété.
L’événement a rassemblé autour de 400 personnes, principalement des journalistes venu·es en nombre soutenir leurs confrères et consoeurs, mais également des associations, membres de la société civile et citoyen·nes témoignant leur soutien à notre profession. Un succès pour un tel rassemblement, le premier événement de soutien aux journalistes palestinien·nes à mobiliser autant de participant·es.
Cette mobilisation, organisée suite à l’assassinat, la nuit du 10 août 2025, du journaliste d’Al-Jazeera Anas Al Sharif aux côtés de 5 journalistes et techniciens, intervient le lendemain de la mort de 6 journalistes palestinien.es dans le cadre de frappes à l’hôpital Nasser à Khan Younis. Un sixième est quant à lui décédé samedi. Signe, s’il en fallait encore, de l’urgence absolue de protéger les professionnel·les de l’information actifs à Gaza et de dénoncer sans détour ces assassinats ciblés et continus.
L’AJP réitère sa solidarité avec les journalistes palestinien·es et condamne fermement ces attaques quasi systématiques des professionnels des médias, entraves gravissimes au droit d’informer. Nous soulignons que le macabre décompte de 219 journalistes assassiné·es à Gaza depuis le 7 octobre 2023 (chiffres de la FIJ) est sans commune mesure avec les autres conflits armés modernes. Outre la vie de centaines de journalistes tué·es pour avoir exercé leur profession, c’est le droit d’informer, et celui du public d’être informé, qui sont ici continuellement bafoués, au mépris total du droit international. La famine en cours à Gaza, officiellement reconnue par l’ONU et qui touche notamment les journalistes, les réduisant au silence par la faim, de même que l’interdiction d’accès du territoire gazaoui à la presse internationale, participent également à cette violation grave de la liberté de la presse et du droit élémentaire du public à disposer d’informations variées et indépendantes sur un conflit géopolitique majeur.
L’AJP appelle, aux côtés des autres associations de défense des journalistes, à une prise de position et de responsabilités ferme et rapide de la part des autorités, tant belges qu’internationales, afin de protéger les journalistes et de mettre fin à cette violation caractérisée de la liberté d’informer à Gaza.
[1] L’Association des journalistes professionnels, la Vlaamse vereniging van journalisten, la Fédération européenne des journalistes, la Fédération internationale des journalistes, le Syndicat des journalistes palestiniens, la Société des journalistes de la RTBF et l’Association de la presse internationale.
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L’AJP soutient les journalistes palestinien·es : actions entreprises depuis le 7 octobre
En janvier 2024, l’AJP dénonçait déjà la fermeture du territoire gazaoui à la presse internationale (voir notre dossier dans la revue Journalistes. En mai de la même année, suite à la fermeture des bureaux d’Al-Jazeera en Israël et au blocage de ses chaînes sur le territoire israélien et en Cisjordanie occupée, un courrier a été envoyé à l’ambassadrice d’Israël ainsi qu’à Hadja Lhabib, alors ministre belge des affaires étrangères, pour protester contre ces mesures. En 2024 encore, malgré sa sortie de la FIJ, l’AGJPB (coupole réunissant l’AJP et son homologue néerlandophone la VVJ), a contribué au soutien aux journalistes en Ukraine et à Gaza, par un don de 4000 € au Safety Fund de la FIJ. Une nouvelle participation à ce fond est à l’ordre du jour du prochain conseil d’administration de l’AGJPB, qui aura lieu en septembre.
En mars 2025, une minute de silence a été observée à l’assemblée générale de l’AJP en hommage aux journalistes gazaouis. En juillet 2025, un courrier a été adressé par l’AJP aux membres du Gouvernement fédéral, s’associant à la FEJ et à la FIJ pour dénoncer et exiger que des actions soient prises face à la famine systématique et délibérée imposée aux civils à Gaza, dont les journalistes, les réduisant au silence par la faim. Un courrier type a été communiqué à tous·tes les journalistes membres de l’AJP, les appelant à le relayer au Gouvernement. Fin juillet, un appel aux dons a également été relayé dans le cadre de la campagne « From Journalist to Journalist » de la FEJ, visant à financer l’achat de nourriture pour les journalistes de Gaza et leurs familles. Le bâtiment de la Maison des Journalistes (abritant les locaux de l’AJP, de la VVJ et de la SAJ) est également recouvert d’une ligne rouge depuis l’été, symbole des lignes rouges franchies à l’encontre de la population palestinienne.