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Actus

Congrès mondial de la FIJ à Angers : la voix des journalistes

14/06/2016

Le 29e congrès mondial de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) s’est tenu du 7 au 10 juin. Durant ces quatre jours, 300 délégués des syndicats de journalistes du monde entier se sont réunis pour débattre mais aussi pour élire un nouveau comité directeur. Temps forts de ce Congrès d’Angers.

IFJ

Photo : Antonio Bozzardi

Une vieille dame qui recrute les jeunes

90 ans de FIJ méritent bien un regard sur le passé : si la FIJ a été officiellement créée à Paris en 1926, on trouve bien avant, à Anvers notamment, des ébauches d’organisation internationale de journalistes. Longtemps « concurrente » de l’OIJ, son alter ego «du bloc communiste » disparue après la chute du mur de Berlin, la FIJ réunit aujourd’hui syndicats et associations de journalistes dans 140 pays.

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Photo AJP

Une vieille dame donc, qui s’est interrogée sur son avenir lors du Congrès d’Angers (France) : comment attirer et soutenir les jeunes dans nos organisations ? De nombreux syndicats pointent en effet le peu d’engagement des jeunes dans le mouvement syndical.

Trois constats se dégagent : les jeunes ont le sentiment que les syndicats n’ont pas grand-chose à leur offrir ; dans certains pays, se syndiquer fait courir le risque de perdre son emploi ; enfin, les syndicats ne vont pas à la rencontre des jeunes. Il faut donc relever le défi de la communication avec les jeunes journalistes pour les sensibiliser à l’action syndicale et à la défense de leurs droits. Il y va de la pérennité même des syndicats, des acquis sociaux et de la solidarité.

Les femmes journalistes prennent leur place

Au sein de la FIJ, un « Conseil du genre » est chargé depuis une dizaine d’années de mener des actions pour davantage d’égalité dans le journalisme. Mais jusque-là, on ne peut pas dire que cette question de l’égalité hommes-femmes fut une priorité de la FIJ. Khadi Cisse (Sénégal), membre du conseil du genre, résume la situation comme suit : « Les femmes sont les précaires de la FIJ ! Nous avons droit à des bouts de sandwiches, nous travaillons sans budget, sans secrétariat et sans traduction. Est-ce qu’on va continuer longtemps à nous ignorer de la sorte ? » À Angers, de nombreuses femmes sont montées au créneau pour réclamer que le Conseil du genre bénéficie enfin de moyens budgétaires et humains dans les structures de la FIJ. Ce qui fut voté !

Marche blanche

Marche blanche en mémoire de Camille Lepage – Photo: AJP

La sécurité, un enjeu crucial

Le mercredi 8 juin, toutes les délégations et les représentants de la FIJ ont participé à une marche blanche silencieuse en mémoire de Camille Lepage, photojournaliste originaire d’Angers, assassinée en 2014 en Centrafrique à l’âge de 26 ans. La marche était également organisée en mémoire des 350 journalistes décédés depuis 2013 dans l’exercice de leur fonction.

Les questions de sécurité des journalistes sont un enjeu crucial pour la FIJ. L’Iraq, le Mexique et le Yémen (notamment !) n’en finissent plus de compter les journalistes assassinés. A l’occasion du Congrès, la FIJ a publié le macabre bilan des 25 dernières années. La FIJ organise des sessions de formations à la sécurité, partout dans le monde.

Philippe Leruth, le nouveau président de la FIJ

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Philippe Leruth, nouveau président de la FIJ

La troisième journée du congrès a été consacrée à l’élection des membres du comité exécutif de la FIJ, dont l’élection du nouveau Président.

Philippe Leruth, candidat belge à la présidence, a été élu par 168 suffrages sur les 329 votes émis. Face à lui, le candidat brésilien Celso Schroeder a obtenu 161 voix. Philippe Leruth avait axé sa candidature sur le besoin d’unité et de solidarité au sein de l’organisation internationale ainsi que sur la nécessité de transparence et de stabilité financière. La FIJ connaît depuis plusieurs années des lignes de fractures importantes. Mais elle a aussi perdu près d’un million d’euros ces trois dernières années, un bilan financier catastrophique, plombé par le Congrès organisé à Dublin en 2013, bilan qui a été très longuement discuté au Congrès et a donné lieu à la mise en place de contrôles financiers plus stricts. «Une tâche lourde commence car les attentes sont grandes mais la priorité est de refaire l’unité de la FIJ» a déclaré Philippe Leruth dans son discours d’investiture. Une tâche à laquelle il s’emploiera avec le premier Vice président (Younès M’Yahed, Maroc) et les deux vices-présidents : Joachim Krebich (Allemagne) et Sabina Inderjit (Inde). Quant au président sortant, Jim Boumelha (RU), il se présentait au poste de trésorier et y a été élu. Voir tous les résultats des élections de la FIJ.

Lire aussi : >>> Philippe Leruth, élu président de la FIJ

La défense du droit d’informer

La dernière journée a été consacrée au vote de dizaines de motions, portant sur des préoccupations mondiales ou nationales. Lors du gala de clôture qui eut lieu dans l’enceinte du magnifique château d’Angers, le nouveau président, Philippe Leruth, a tenu à rendre hommage une nouvelle fois aux confrères disparus dans l’exercice de leur métier : « Nous devons mener notre combat syndical pour que demain plus jamais une Camille Lepage, ici ou ailleurs, ne doive payer de sa vie sa volonté de se conformer à son devoir d’informer. »

(H el H, avec BA et MS).

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