Le tribunal de première instance de Malines a condamné Yves Desmet, rédacteur en chef du Morgen, à 1 € symbolique (plus les frais de justice) pour un commentaire dans un éditorial de son quotidien, le 12 janvier 2012. Cet édito concernait le conflit entre magistrats à Anvers autour de l’affaire de fraude (en milliards) dans l’industrie du diamant. Yves Desmet y commentait l’attitude du procureur général, Yves Liégeois, qui voulait fermer le dossier avec un arrangement à l’amiable, alors que le juge d’instruction voulait poursuivre. « On pourrait parler d’une apparente partialité. Ou, si le mot n’était pas si désuet, d’une pure justice de classe », écrivait le rédac chef du Morgen. L’épouse du procureur général, elle-même magistrate, avait cité Demset en justice pour atteinte à l’honneur de sa famille.

L’ahurissante condamnation du tribunal de Malines qui sanctionne une opinion a fait réagir la VVJ. Dans un communiqué, l’aile flamande de l’AGJPB « prend connaissance avec consternation d’une deuxième condamnation, en moins d’un mois, de journalistes qui utilisent leur liberté d’opinion de la manière la plus normale ». Le 11 décembre 2012 la Cour d’appel de Bruxelles avait condamné le magazine MO* pour la publication d’une caricature en couverture, en mars 2006. C’était une image de l’industriel belge Georges Forrest, actif dans le secteur minier au Congo, qui était représenté avec une casquette de Mobutu sur sa tête. MO* a été condamné à 5.000 euros de dommages et intérêts.

La VVJ souligne que, dans les deux cas, il s’agit d’un exercice tout à fait normal de la liberté d’information et d’opinion. Ces condamnations de publications représentent une atteinte grave à la liberté de la presse, souligne la VVJ qui soutient le recours en appel de Yves Desmet et le pourvoi en cassation de MO* pour lequel la VVJ envisage de créer un fonds de solidarité.