Actus

Fédération internationale des journalistes : un scrutin présidentiel entaché d’irrégularités

07/06/2013

FIJ
Alors que se clôture, ce 7 juin, le congrès de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) à Dublin (Irlande), ce ne sont pas les témoignages de journalistes entravés chaque jour dans l’exercice de leur métier qui ont marqué les esprits mais bien une élection irrégulière.
Cette assemblée était en effet élective et deux candidats s’affrontaient à la présidence : Philippe Leruth (AGJPB) et Jim Boumelha (NUJ, syndicat GB et Irlande). Le second a remporté le scrutin avec une très courte majorité (191 voix, contre 178 pour le
candidat belge).

Un vote problématique

Au terme du décompte des voix, ce vote s’est révélé
problématique en raison de la présence dans l’urne de 5 bulletins
surnuméraires. Cette irrégularité n’a pourtant pas entraîné
l’annulation du vote, comme on aurait pu s’y attendre, mais il a été
demandé au Congrès de le valider a posteriori. Un nouveau vote a été
réclamé par de nombreuses délégations mais il n’a pas été organisé, au
terme d’une décision du Congrès à main levée.

Cette situation, jugée
très grave par de très nombreuses délégations, a entraîné le départ de
la délégation allemande ainsi que la démission du présidium du Congrès
de la secrétaire générale de l’AJP, Martine Simonis. Elle s’en est
expliqué
devant le Congrès qui l’a largement applaudie. Jim Boumelha rempile donc pour un troisième mandat de trois ans à la présidence de la FIJ, mais dans un climat de division et de défiance.

Légende : la délégation belge à Dublin (photo AJP)

Lire aussi :

Les journalistes plus indulgents pour eux-mêmes que pour le monde qui les entoure ? et Lecture de démocratie de la FIJ à Dublin sur le blog de Philippe Leruth.

Le communiqué de la FIJ et le site de la FIJ consacré au congrès de Dublin

Pourquoi je démissionne du Présidium du Congrès de la FIJ
à Dublin

Chèr-e-s collègues,

Ceci n’est pas une déclaration en tant que membre du présidium, mais bien en tant que membre de la délégation belge à ce Congrès.

Je voudrais d’abord, au nom de ma délégation, remercier Seamus et l’équipe qui veille sur tous les événements sociaux en dehors de ce Congrès pour leur extraordinaire organisation.

Mais surtout, je voudrais vous dire ceci : j’ai accepté, pour la quatrième ou la cinquième fois, de faire partie du présidium du Congrès de la FIJ. Présider ce Congrès, c’est une mission difficile, collective, et importante. J’ai utilisé toute mon expérience et ma volonté pour faire en sorte que ce Congrès se déroule dans les meilleures conditions pour tous les délégués. Vous dire aussi que je connais bien le personnel qui travaille à la FIJ. Celles et ceux qui composent le staff salarié de la Fédération sont des gens compétents, dévoués à l’organisation et qui veulent que ce Congrès soit une réussite. Et mes collègues du présidium sont des gens honnêtes. Ils essaient que ce Congrès se passe de manière claire, « fair » et démocratique.

Mais ce que j’ai vu ici hier, les irrégularités de l’élection, constatées par tous, mais aussi la haine sur certains visages, tout cela est très, très, éloigné des raisons pour lesquelles j’assume ma part du travail dans le présidium.

Je suis secrétaire générale de mon organisation depuis 20 ans. Ceux qui me connaissent savent que la loyauté est une des valeurs les plus importantes pour moi. La loyauté implique d’abord d’être fidèle à ses propres valeurs. Et je ne veux pas couvrir ce qui s’est passé hier. Je refuse de couvrir cette élection irrégulière.

Collègues, comment allons-nous demain dénoncer les régimes qui couvrent les irrégularités ? Avec quelle crédibilité ? Où est notre dignité ? Les gens loyaux sont-ils trop naïfs ? Peut-être. Mais ce ne sont pas ces méthodes douteuses qui font avancer le monde. Ce ne sont pas les divisions qui créent la solidarité. La FIJ est aujourd’hui plus divisée que jamais. Pourquoi ?

Nous, vous, avez couvert ce vote, que pour ma part je considère irrégulier. Je me sens en porte-à-faux avec cette décision, comme beaucoup d’entre vous. Et évidemment pas seulement parce que je suis déléguée belge. Mais bien parce que ma conception de la démocratie n’est pas celle-là. Je suis juriste, syndicaliste, responsable d’une organisation de journalistes. Tout ceci implique un comportement correct, cohérent, conforme aux valeurs de mon association, de ma délégation, et aux miennes. Je ne serai donc pas celle qui couvre des irrégularités. Je vous informe en conséquence que je présente ma démission du présidium. Je ne souhaite pas en débattre. Elle est immédiate et irrévocable.

Merci aux collègues qui vont faire ce qu’ils peuvent pour sauver ce Congrès. Et bon courage à tous.

Martine Simonis


Déclaration faite au Congrès de la FIJ à Dublin, 7 juin 2013 à 9.30 AM

→ Retrouvez dans le prochain Journalistes (n°149) les comptes-rendus des assemblées générales de la FEJ, à Verviers, et de la FIJ, à Dublin.

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