Né en 2007 en Belgique, Iwacu occupe aujourd’hui une place de choix dans le paysage médiatique burundais. Interview d’Antoine Kaburahe, le directeur du groupe.

Dossier publié en complément de Journalistes n°147, avril 2013.

Iwacu Le paysage médiatique burundais est principalement occupé par des radios (publiques, privées et confessionnelles). Plusieurs d’entre elles disposent d’un site web. Si les médias travaillent en trois langues (français, kirundi et swahili), leurs sites sont réalisés en français. Les connexions internet ne sont pas bonnes et le coût du matériel informatique reste très élevé au regard du salaire moyen, mais le pays est en train de se doter d’un vaste réseau de fibre optique. En témoignent les tranchées qui éventrent la capitale, Bujumbura, et longent un réseau routier sillonnant une succession de collines.

« Au départ, un magazine de la diaspora »

Côté presse écrite, le groupe Iwacu s’est très vite imposé comme une référence. Né en 2007, il s’agissait, au départ, « d’un magazine trimestriel de la diaspora burundaise, animé par quelques journalistes burundais établis à Bruxelles et regroupés dans une asbl, le CEBB, Centre d’Echanges Belgo Burundais. L’objectif était de parler de la vie de la diaspora, ses espoirs, ses craintes…« , explique Antoine Kaburahe, le directeur du groupe.

En 2008, il rentrait au pays avec le projet « de relancer une presse écrite moribonde. Grâce à une subvention du ministère belge des Affaires Etrangères, le journal est né au Burundi. D’abord bimensuel, il est devenu une année après hebdomadaire. Aujourd’hui, Iwacu produit 4 publications: un hebdo en français et kirundi, un magazine mensuel, une newsletter électronique quotidienne et un site internet« , poursuit Antoine Kaburahe.

La place de l’écrit dans une culture orale

Et si le Burundi est dominé par la culture orale, observe-t-il, « de plus en plus les Burundais aiment s’informer et respectent ce qui est écrit. Le gros avantage du journal écrit est de pouvoir aller plus en profondeur, de mener des investigations profondes. Mais aussi de créer une mémoire écrite. De fixer l’histoire. Et cela n’a pas de prix, surtout pour les générations futures. »

Pour Antoine Kaburahe, la principale difficulté pour un média tel qu’Iwacu est liée à son financement. « Dans tous les pays du monde, la presse vit surtout de la publicité. Or, au Burundi, l’économie va mal. Ainsi, pour survivre, les médias doivent demander des subsides à des ONG internationales, recourir à la coopération internationale. De ce fait, les médias sont très dépendants du bon vouloir des donateurs. Ainsi, Iwacu espère toujours la relance de l’aide belge, pour pouvoir continuer à exercer. L’autre problème concerne la diffusion, il n’y a pas de messagerie. Il faut se débrouiller pour diffuser le journal. Enfin, le coût exorbitant du coût d’impression n’est pas de nature à permettre le développement de la presse écrite. Le contexte n’est pas non plus très bon pour la presse en général. »

L. D.

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