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Communiqués

Le politique aux abonnés absents

02/02/2005

02-02-2005

L’Association des Journalistes Professionnels vient d’apprendre tardivement – et à son grand regret – que la ministre de l’Enseignement Marie Arena ne contribuera pas au subventionnement de l’opération « Journalistes en Classe » (JEC) pour cette année scolaire, déjà largement entamée. Motif officiel invoqué dans le courriel laconique enfin reçu ce 1er février : « Les marges budgétaires de la Communauté française étant particulièrement limitées, nous avons dû établir des partages très délicats et nous ne pouvons pas répondre positivement à votre demande ».

Cette fin de non-recevoir tombe d’autant plus mal que l’année scolaire – et l’opération JEC- est largement entamée. Pour rappel, celle-ci consiste à envoyer dans les classes, à la demande de ces dernières, un journaliste professionnel afin qu’il y présente concrètement son métier au quotidien ; elle s’inscrit pleinement dans le cadre de l’Education aux Médias, mais aussi, plus largement, dans celui de l’apprentissage de la démocratie au quotidien. Quatre mois après la rentrée scolaire, à l’aune du succès rencontré ces deux dernières années par l’opération, l’AJP osait espérer que, enseignements fondamental et secondaire enfin réunis sous un même pouvoir décisionnel politique, le projet serait enfin budgété à hauteur de ses besoins légitimés par les précédents arrêtés gouvernementaux.

Il n’en est rien, au contraire : l’opération JEC est d’ores et déjà « gelée » dans le secondaire pour cette année et pourrait bien se voir imposer une baisse de régime drastique dans le fondamental dès l’an prochain. A ce jour, nous avons enregistré, dans l’enseignement primaire uniquement, près de 500 demandes – sans même oser médiatiser l’opération- et nous disposons de marges budgétaires structurelles pour honorer à peine 250 interventions. Tout cela avait été communiqué à la Ministre en août 2004.

Pour rappel, en 2002-2003, les ministres Nollet et Hazette avaient subsidié l’opération « Journalistes en classe » à hauteur de 25.000 euros chacun. Très vite, le ministre de l’enseignement fondamental avait constaté l’inédéquation du subside octroyé par rapport au succès et aux besoins financiers pour y répondre correctement. Un premier budget supplémentaire de 15.000 euros avait été octroyé dès 2002-2003 et un deuxième (20.000 euros) avait permis d’honorer un maximum de demandes reçues dès 2003-2004. Dans le secondaire, le budget initial n’avait pas été revu et avait donc contraint l’AJP à ne pouvoir répondre à près de 50% des demandes. Au total, la coordination de l’opération a néanmoins pu fonctionner l’an dernier avec une enveloppe globale de 85.000 euros, largement inférieure aux besoins réels, mais temporairement viable.

Aujourd’hui, non seulement cette enveloppe n’est pas majorée au prorata des demandes reçues et relayées auprès du ministère de tutelle, mais elle est plafonnée à 65.000 euros, montant que l’AJP a pu, de haute lutte et in extremis, bétonner au travers du récent Décret « Aide à la Presse », soit pour tous les niveaux d’enseignement confondus.

La déception rencontrée par l’équipe responsable de l’opération et de l’AJP est grande aujourd’hui : non seulement elle doit continuer à mener « sous perfusion » une opération qui, en tous points, se révèle être porteuse et prometteuse ; mais en outre, le soutien politique légitime, sur lequel nous espérions enfin pouvoir compter, se révèle inexistant. Inexistant dans les subventions et, au-delà, dans les actes qui ne coûtent rien.

L’action politique est faite de choix, de priorités. Et toute action politique a évidemment un coût. Mais nous croyons être en phase avec ces priorités largement médiatisées ces derniers mois et y repondre positivement à peu de frais, avec un maximum d’action directe sur le terrain. Ce jour, l’AJP constate avec amertume que la ministre de tutelle a d’autres priorités ou d’autres bénéficiaires ciblés que « Journalistes en classe » et ses relais, largement bénévoles. Il répondaient pourtant annuellement à la demande légitime et citoyenne de près de 500 classes et de 10.000 élèves tout en ne nécéssitant qu’un investissement très limité : pour mener à bien l’opération dans l’enseignement secondaire cette année, 20.000 à 40.000 euros supplémentaires étaient indispensables. C’est encore trop pour nous, pour eux, et nous sommes déçus à un point tel qu’une colère justifiée -longtemps retenue- nous envahit aujourd’hui.

Nous espérons donc que, si vous êtes intimement convaincus du bien fondé de cette opération qui fait quotidiennement la preuve de sa légitimité, vous voudrez bien, où que vous soyez, relayer cette amertume. En osant espérer que ce relais fasse boule de neige et sauve cette démarche de terrain largement nécessaire de l’avis de toutes celles et ceux qui y ont participé et souhaitent la voir s’étendre, nous restons à votre entière disposition pour toute information complémentaire.

Martine Simonis,
secrétaire nationale AJP

Philippe Coulée,
coordinateur Journalistes en classe

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