Législature 2024-2029 en Fédération Wallonie-Bruxelles : quelles politiques pour le secteur des médias ?
La Déclaration de politique communautaire (DPC) fait 79 pages. Le chapitre consacré aux médias tient sur 3 pages et est essentiellement consacré aux équilibres économiques du secteur. Une feuille de route synoptique pour la nouvelle ministre des Médias, Jacqueline Galant.
L’AJP a été auditionnée par G-L. Bouchez et M. Prévôt le 26 juin dernier, avec les représentants du secteur des médias, essentiellement les CEO des grands médias privés et public. Sur base du mémorandum détaillé qui avait été adressé à tous les partis et élu.e.s avant les élections, l’AJP a pu faire part de ses demandes et priorités pour les journalistes. Des contacts ont eu lieu ensuite avec le groupe d’expert.e.s en charge de la rédaction de la DPC.
Mais au final, peu de nos demandes se retrouvent comme telles dans la DPC. Il faut dire qu’elle est sibylline pour le chapitre médias, alors que le chapitre Culture, par exemple, contient des mesures très détaillées. Ici, ce sont de grandes lignes, des dispositions assez générales. Voilà qui laissera de l’espace à la ministre pour imprimer ses choix. A la DH, Jacqueline Galant a déclaré le 16 juillet « Je m’engage à aller à la rencontre de toutes les rédactions afin de m’imprégner de la matière. Les notes ministérielles, c’est bien, mais il n’y a rien de mieux que le contact réel.” Nous sommes bien d’accord avec cela et l’AJP demandera à rencontrer la ministre dès que son cabinet sera formé.
Les grandes lignes de la DPC pour le secteur des médias
C’est essentiellement la RTBF qui concentre le plus de mesures annoncées. Le service public « n’a pas nécessairement pour vocation d’être le centre de gravité du paysage audiovisuel belge francophone ». Il sera recentré sur ce que la DPC considère comme ses missions de service public : « l’information, la culture et l’éducation permanente ». La RTBF devra garantir « le pluralisme des opinions et des convictions ». Ses moyens seront « maintenus au montant 2024 plafonné durant toute la législature ». Pour ce qui est de ses relations avec les médias privés, elle devra revoir sa politique d’acquisition des droits de diffusion de programmes, notamment sportifs, « de telle manière à ne pas empêcher les chaînes de télévision privées belges francophones qui le désirent de les acquérir au prix du marché ». La DPC pointe également le partage d’outils (Auvio) ou encore l’ouverture du capital de la RMB.
Les Médias de proximité sont considérés comme « des acteurs essentiels du vivre-ensemble. » Le Gouvernement « incitera les synergies intégrées entre les médias de proximité et avec la RTBF ». Par ailleurs, un « cadre permettant des fusions volontaires sera établi » (NDLR : entre les 12 télévisions).
Pour ce qui concerne les médias privés, la DPC prévoit de « réviser le décret SMA afin, d’une part, d’harmoniser davantage, pour les médias privés, les règles publicitaires applicables avec celles édictées par la directive SMA et, d’autre part, de préciser les modalités de mise en œuvre de la contribution à la production audiovisuelle belge francophone ».
C’est dans les paragraphes consacrés à la presse écrite que l’on retrouve les quelques mesures consacrées aux journalistes : à propos de l’aide à la presse écrite, « le gouvernement veillera à adapter celle-ci à l’évolution du paysage médiatique avec pour objectifs le maintien d’une offre d’information pluraliste de qualité, et parallèlement l’amélioration des conditions de travail des journalistes, avec une attention particulière à la formation des journalistes et au statut des journalistes reporter d’images (JRI) ».
La presse écrite qui subit « la concurrence de la part de la presse en ligne de la RTBF » sera soutenue dans sa transition vers le numérique. Le Gouvernement poursuivra aussi une politique de lutte contre les fake news et d’éducation aux médias avec le concours de Lapresse.be. En outre, il « améliorera le dispositif d’autorégulation déontologique des médias d’information et de la profession journalistique, dans le respect des balises européennes en matière de régulation des médias ».
Pour ce qui concerne les radios, la DPC note le soutien à la transition numérique, une attention particulière aux éditeurs indépendants, ainsi que notamment la transparence tarifaire des opérateurs de réseau.
Le chapitre Médias se termine par un paragraphe consacré à l’éducation aux médias et prévoit que le gouvernement « maintiendra les moyens dédiés à l’éducation aux médias, notamment les opérations telles que « Ouvrir mon quotidien » et « Journalistes en classe », en lien avec les initiatives en formation au numérique (ex : RTBF) ».