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Procès de presse en Turquie : des députés belges témoignent

26/04/2013
Photo Mehmet Koksal
Photo : Mehmet Koksal

Une délégation non-officielle de trois parlementaires belges s’est rendue en Turquie du 21 au 24 avril. Elle était composée de (photo, de g.à dr.) Jean-Claude Defossé (député bruxellois Ecolo), Fatoumata Sidibé (députée bruxelloise, FDF), André du Bus (sénateur CDH), accompagnés de Mehmet Koksal, vice-président de l’AJP et en charge de la campagne pour la libération des journalistes en Turquie pour la Fédération européenne des journalistes (FEJ). Objectif de cette mission : rendre compte de la situation de la liberté de la presse en Turquie, en assistant notamment à deux audiences au tribunal de Silivri. On y jugeait l’affaire KCK Presse, dans le cadre duquel 44 journalistes (dont plus de la moitié sont privés de liberté) sont poursuivis pour appartenance ou propagande en faveur d’une organisation illégale ; et le dossier Ergenekon, du nom d’une organisation secrète à laquelle participeraient des journalistes en vue de renverser le pouvoir en place.

Silivri, c’est un gigantesque complexe pénitentiaire situé à quelques 80 kilomètres d’Istanbul. « A titre de comparaison, ce complexe a la même taille que la commune de Saint-Josse-Ten-Noode. C’est une prison à ciel ouvert », indique Mehmet Koksal, lors du point presse organisé le 26 avril à la Maison des journalistes, à Bruxelles.

Photo AJP

« Ce qui m’a frappé, à l’arrivée, c’était les rires des enfants car Silivri dispose d’écoles pour les enfants du personnel de la prison, où sont enfermées 11.000 personnes », explique Fatoumata Sidibé. A l’audience, les téléphones portables, appareils photo et caméras sont interdits. Jean-Claude Defossé en réalisera un croquis sur lequel on ne peut manquer l’écran de télévision sur lequel s’affiche une speakerine. « De la télévision publique turque », précise-t-il. « C’est elle qui lira l’acte d’accusation pendant deux heures. Se trouver dans cette salle d’audience, ça glace les sangs. Vous vous trouvez dans le public derrière une couche de gendarmes et de journalistes détenus. 24 d’entre eux ne peuvent voir leur famille qu’une seule fois par mois. Ils vivent pratiquement dans un isolement total, c’est émouvant. »

« Ces trois jours étaient d’une intensité rare », poursuit André du Bus, qui précise que cette mission a été financée sur fonds propres. Le sénateur a également observé que « la persistance d’un régime fort est perceptible à tous les coins de rue. La surveillance est assurée dans les lieux publics par des systèmes de caméras et par une police omniprésente. Les effectifs de la police ont été multipliés par 5 ces dix dernières années. Ce qui est manifeste au vu de l’âge particulièrement jeune des policiers. On s’en rendra compte à Silivri. Inconinfos_AJPablement le passage d’un régime militaire à un régime policier n’est pas une formule creuse. »

Au cours de son séjour, la délégation belge a eu l’occasion de rencontrer des journalistes turcs, des journalistes étrangers basés en Turquie, des députés turcs et des représentants d’organisations militant pour les libertés de la presse et d’expression. Un rapport de 16 pages détaille ces nombreuses rencontres : → cliquer ici pour télécharger ce rapport

Voir aussi notre page consacrée à la liberté de la presse en Turquie : https://www.ajp.be/baris/

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