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Actus

Revers d’une médaille pour la presse française

27/03/2013
Photo David Lalmand/Belga
Photo David Lalmand/Belga

L’événement médiatique de ce 27 mars – retransmis en direct sur le site de la RTBF – mettait en scène un ancien président de la République française mis en examen pour abus de faiblesse, un ministre belge – des Finances puis des Affaires étrangères – et une médaille, la Légion d’honneur. La distinction honorifique avait été accordée à Didier Reynders avant le terme du mandat de Nicolas Sarkozy mais la cérémonie officielle s’est donc déroulée quelques mois plus tard, à Bruxelles, au Palais d’Egmont. La presse belge avait été conviée. Pas la presse française. « Comme les journalistes français ne sont pas les bienvenus, nous comptons sur nos confrères belges pour poser LA question« , tweetait François Beaudonnet, correspondant permanent de France 2 à Bruxelles.

De son côté, David Maréchal, porte-parole de Didier Reynders explique qu’ « il a été décidé de garder un caractère belge et privé à la venue de Nicolas Sarkozy. Il s’agit d’une décision de commun accord qui a aussi été prise pour une question de gestion de l’espace« . Quant à la rumeur selon laquelle il s’agissait d’une demande formelle de Nicolas Sarkozy, personne n’a pu nous la confirmer. Mais sur le site de France TV, on peut lire ce commentaire des autorités belges, rapporté par la chaîne française : « il y a une demande de Nicolas Sarkozy pour qu’il n’y ait pas la présence de la presse française. »

« Une grave entrave au travail des journalistes »

Dans un communiqué, la Fédération européenne des journalistes (FEJ) a dénoncé la censure des médias. « Il est inadmissible que les journalistes soient personae non gratae lors de la cérémonie officielle de la remise d’une distinction à un membre du gouvernement« , a déclaré Philippe Leruth, vice-Président de la FEJ. « Il s’agit tout simplement de censure et ceci constitue une grave entrave au travail des journalistes« . Le communiqué précise également que « à la demande expresse de M. Sarkozy, les journalistes français n’étaient pas acceptés et les cartons d’invitations mentionnaient qu’il n’était pas question de lui poser des questions. Cette consigne a été répétée à plusieurs reprises sur place. »

La FEJ s’étonne encore que les autorités belges aient accédé à la demande de Nicolas Sarkozy qui revient à « imposer une mesure de censure non seulement à l’égard de la presse française mais européenne par la même occasion: le but évident était de dissuader les journalistes, de quelque nationalité qu’ils soient, d’interroger l’ancien président de la République sur une affaire judiciaire embarrassante pour lui. »

La FEJ dénonce cet interdit professionnel, incompatible avec le droit à l’information proclamé par la Déclaration universelle des droits de l’Homme, répété par la Cour européenne des droits de l’Homme, avec la liberté de la presse proclamée par la Constitution belge depuis 1831, qui postulent, dans le chef des journalistes, le devoir d’informer le public.

(L.D.)

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