Actus

Télé MB dans l’impasse financière

09/12/2015

Mise à jour 11/12/15

Télé MB : les pigistes solidaires

Dans un communiqué du 10 décembre, les collaborateurs indépendants de TéléMB disent avoir « appris avec tristesse les mesures envisagées par la direction et le CA de TéléMB pour résoudre les problèmes financiers que connait la télévision » (lire ci-dessous).

« Nous déplorons, une fois de plus, le fait de n’avoir pas été informés directement de ces mesures qui nous concernent également. La direction s’était pourtant engagée à plus de transparence le 24 novembre dernier lors d’une rencontre provoquée par un mouvement de grogne des indépendants. Nous apprenons aujourd’hui que TéléMB projette de réduire ses frais de fonctionnement de 47%, un pourcentage qui semble directement nous viser.

Les pigistes de TéléMB s’associent au mouvement des salariés. Nous n’effectuerons pas de prestations pour la télévision le temps de ce mouvement. »


09/12/15

Télé MBLendemains de Saint-Nicolas pénibles pour la télévision locale de Mons. Le 9 décembre, le personnel de Télé MB était informé des mesures d’économies approuvées par le conseil d’administration pour tenter de sauver la chaîne. Le coup est dur : le « plan de gestion » prévoit notamment de réduire l’emploi de 6,5 temps plein. Sur un total de 31,3 équivalents temps plein, cela concerne donc un cinquième du personnel. Les postes à supprimer ne sont pas encore identifiés. Il s’agit d’un volume salarial à économiser. Par ailleurs, les frais de fonctionnement seront diminués de 47 %. Cela concerne les pigistes. Ces derniers – une trentaine – avaient déjà tapé du poing sur la table fin novembre. Ils n’étaient plus payés depuis deux mois (voire davantage pour certains) et avaient observé une grève de la pige un week-end. Les prestations ont été payées mais l’avenir s’annonce bien sombre pour eux.

Des dépenses mal placées ?

Choqué par ces décisions qu’il rejette « catégoriquement » mais aussi par l’absence de concertation préalable, le personnel salarié annonçait le 9 décembre une grève pour le reste de la semaine afin de « rétablir le dialogue » et explorer d’autres pistes d’économie. Quelles pistes ? « Nous voulons qu’on rediscute des dépenses de fonctionnement de la chaîne, explique France Alfano, présidente de la SDJ. On peut entendre que David Flament, le directeur général, a hérité en 2013 d’une situation financière mal en point. Mais il y a eu ensuite des dépenses pour le logo, des voitures ou un coaching coûteux alors qu’on a cruellement besoin de moyens pour remplacer du matériel obsolète ! »

Les difficultés financières de Télé MB ne datent en effet pas de cet automne. Mais elles ont pris soudain une ampleur inattendue avec la découverte en septembre, par une société d’audit, d’une anomalie dans la comptabilité antérieure à l’arrivée de David Flament. « Ni le CA, ni les banques ni la FWB n’avaient repéré que des bilans précédents n’étaient pas conformes à la réalité, parce qu’il fallait pour cela entrer dans les comptes. Celui de 2012 annonçait un bénéfice inexistant de 67.000 euros ! », nous dit David Flament. Conséquence : Télé MB n’a plus accès au crédit et la direction ne voit pas où réaliser ailleurs les économies nécessaires. Le conseil d’administration a chargé un avocat d’une action envers l’ancien expert-comptable, sans suite jusqu’à présent.

Qui sauvera Télé MB ? Le tour des bourgmestres va être entrepris, mais d’une part l’apport des communes ne constitue que la 4ème ressource de la chaîne après les aides à l’emploi, la subvention FWB et la pub. D’autre part, il est peu probable que les communes auront les moyens de jouer à Père Noël. Ou alors elles attendront quelque chose en retour, ce que les rédactions refuseront assez logiquement. Un geste du ministre des médias Jean-Claude Marcourt ? L’hypothèse ne semblait même pas envisagée ce 9 décembre.

Dans l’immédiat, il s’agira d’abord de renouer le dialogue avec la direction, ce que David Flament se dit prêt à faire… mais le message était attendu par le personnel, déçu de ne pas recevoir plus de marque d’attention de la part de son directeur. Quant aux politiques, ils brillaient par leur silence indifférent au sort de la chaîne locale. Le 16 décembre, un CA est prévu pour examiner la situation.

Jean-François Dumont

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