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Actus

Trois parlementaires bruxellois suivent le procès de 44 journalistes en Turquie

22/04/2013

Une délégation non officielle de trois parlementaires belges se trouve actuellement en Turquie pour assister au procès de 44 journalistes turcs, dont 24 détenus. Ces journalistes sont poursuivis, dans le cadre de l’affaire KCK Presse, pour appartenance ou propagande en faveur d’une organisation illégale. Les audiences se déroulent au tribunal de la prison de Silivri, près d’Istanbul, où Baris Terkoglu, journaliste turc « adopté » par l’AGJPB a vécu 20 mois d’enfermement.

Cette mission belge non officielle composée de Jean-Claude Defossé (Ecolo), Fatoumata Sidibé (FDF) et André du Bus (CDH) compte également examiner le sort réservé à la liberté d’expression et à la liberté de presse dans ce pays candidat à l’Union européenne. Le journaliste indépendant Mehmet Koksal (vice-président de l’Association des journalistes professionnels) accompagne la délégation belge sur le terrain, dans le cadre de la campagne de la Fédération européenne des journalistes (FEJ) pour la libération des journalistes turcs.

« Nous sommes très inquiets par l’évolution de l’état de la liberté de presse et de la liberté d’expression en Turquie comme le démontre encore la condamnation récente à 10 mois de prison d’un pianiste qui a eu le malheur d’envoyer quelques messages sarcastiques sur Twitter jugés ‘contraires aux valeurs religieuses’ du pays. Ce n’est pas en enfermant ses journalistes, ses députés, ses intellectuels et ses avocats que le gouvernement turc arrivera à convaincre l’opinion publique internationale de ses bonnes intentions. De nombreux observateurs, comme la FEJ, Reporters sans frontières et le Comité de protection des journalistes publient régulièrement des rapports et des analyses qui confirment nos inquiétudes », estime le député bruxellois Jean-Claude Defossé (Ecolo).

Tournant historique cette semaine ?

La reprise ce lundi 22 avril des audiences dans l’affaire KCK Presse, où la plupart des journalistes poursuivis sont accusés d’avoir fait la propagande du PKK, a lieu alors que le gouvernement turc a lui-même entamé des négociations historiques avec le PKK. Par ailleurs, suite à l’adoption d’un quatrième paquet de réformes judiciaires, les inculpés vont pouvoir ce lundi, pour la première fois, se défendre en langue maternelle kurde avec l’aide d’interprètes turcs si le magistrat autorise l’application de la nouvelle disposition. L’application des nouvelles réformes et la prise en compte du contexte des négociations pourrait conduire à la remise en liberté massive des journalistes incarcérés en inaugurant ainsi un tournant historique pour la situation des journalistes en Turquie.

« On l’espère mais c’est déjà préoccupant de constater le nombre de procès et d’affaires judiciaires envers un si grand nombre de journalistes en Turquie. A ma connaissance, c’est du jamais vu ailleurs en Europe. Nous avons également appris que des députés turcs sont détenus en prison et ne peuvent pas remplir leur rôle de représentation de la volonté populaire. La situation est complexe mais nous voulons travailler sans a priori à Istanbul et nous comptons bien faire un rapport sur ce méga-procès au sein de la plus grande prison du continent européen », ajoute la députée bruxelloise Fatoumata Sidibé (FDF).

« Notre objectif n’est pas de nous mêler des débats propres à la Turquie mais de rappeler simplement que la liberté de presse fait partie des droits fondamentaux dans toute société démocratique qui se veut pluraliste. Nous avons besoin d’une presse libre et indépendante pour avoir accès à l’information fiable. En tant que parlementaires belges, nous sommes parfois amenés à débattre sur des accords conclus par nos ministres avec les autorités turques », rappelle le sénateur André du Bus (CDH).

? Lire aussi : nos informations relatives à Baris Terkoglu et à la liberté de la presse en Turquie

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