Chers amis,

Vous m’avez donné le courage et la force de terminer ma défense devant le tribunal par ces mots : « Si vous me demandez ce qu’est la loi, nous devons probablement vous répondre essentiellement en parlant des applications de la loi.

Peu importe le texte légal, si les gens qui pensent et écrivent d’une certaine manière font continuellement l’objet d’enquêtes et sont toujours emprisonnés, cela veut donc dire que penser et écrire de cette manière est interdit.

Malheureusement, c’est que ce qui nous arrive. C’est le journalisme critique qui est interdit devant ce tribunal; c’est le journalisme critique qu’on veut détruire à travers de tels procès.

Je dirai et répéterai toujours cette affirmation. J’ai toujours écrit, et je peux même dire avec confiance « nous avons toujours écrit » ce que nous trouvons juste.

Comme rédacteur en chef, que j’approuve ou non les idées ou les écrits publiés (sur notre site), j’assume l’entière responsabilité de ce que les auteurs ont écrit.

Dans mon acte de défense, j’ai expliqué en détail et défendu chaque article, chaque information, et chaque analyse publiés. Et, au bout du compte, mes écrits reflètent ma pensée.

Je veux aussi que vous soyez conscients de ce qui suit : Si vous me relâchez aujourd’hui, je m’installerai sur les sièges de ce tribunal, et j’écrirai les mêmes articles. Même si je suis détenu pendant cent ans, le jour où je serai libéré, j’insisterai sur les mêmes points. Si je perds mon bras droit, j’écrirai de la main gauche. Je n’ai pas besoin d’une organisation, d’instructions, ou d’ordres pour agir de la sorte. Comme vous pouvez vous en rendre compte depuis à peu près un an maintenant, je suis séparé de tous les autres codétenus, mais je continue à coucher par écrit les mêmes pensées, qui sont considérées comme criminelles.

On ne se définit pas par ses gènes, mais par ses actes.

Moi, je m’exprime de la pointe de mes doigts.

Je ne deviendrai pas quelqu’un d’autre, par crainte de la prison, des menaces de la police, ou des peines requises par le procureur. Je ne veux pas payer la liberté de mon corps par l’esclavage de mon âme.

Si c’est ce qu’on attendait de ces audiences (et je pense que c’était ce qu’on attendait), je refuse pareil échange.

Et maintenant je demande justice non seulement pour moi, mais pour mes co-accusés, et pour mon pays, puisque la justice est entre vos mains ».

Ces mots n’ont pas suffi à nous gagner la liberté.

La prochaine audience aura lieu le 12 mars.
Je crois que, aussi longtemps que cela durera, la liberté nous sera rendue un jour.

Avec mes sincères salutations,

Baris Terkoglu
Silivri 1 Nolu Cezaevi, F-1 Kogusu
Silivri/Istanbul/Turkey

 

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