Le 2 mai, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) dénombrait 26 journalistes et professionnels des médias tués depuis le début de cette année, dont aucun de manière accidentelle. Au Pakistan, pays qui occupe la 158e position du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF), ils sont sept à avoir perdu la vie.

Jamshed Baghwan, journaliste et directeur du bureau de Peshawar de la télévision Express News, pourrait être le suivant. Le 6 avril, il était la cible d’une deuxième attaque à la grenade par des individus non identifiés, rapporte RSF. En Afghanistan (128e au classement RSF), fin mars, Sardar Ahmad, journaliste au bureau de l’AFP à Kaboul, était tué avec sa femme et deux de ses enfants dans une attaque perpétrée par un commando taliban.

Le lendemain, le corps du journaliste Vassili Serguïenko était retrouvé 120 km au sud-est de Kiev, en Ukraine (127e). Il avait été enlevé, la veille, à son domicile. Son corps présentait des traces de torture.

Des consignes de prudence

La situation en Crimée, en Ukraine et en Russie donne lieu à de vives inquiétudes quant à la sécurité des journalistes. La Fédération européenne des journalistes (FEJ) envisageait, mi-avril, de postposer son assemblée générale annuelle les 6 et 7 juin à Moscou.

Le 13 mars, la France invitait à la prudence les journalistes français actuellement en Crimée ou envisageant de s’y rendre. « Plusieurs incidents graves ont ciblé ces derniers jours en Crimée des journalistes, y compris français, victimes de pressions, d’intimidations ou de violences. La plupart ont pour origine les milices présentes sur ce territoire. La France condamne ces entraves au travail des journalistes et appelle à respecter la liberté d’information. La liberté d’expression et la liberté de la presse en particulier sont au fondement de toute démocratie et doivent être universellementrespectées », indique un communiqué de la diplomatie française.

La journée mondiale de la liberté de la presse du 3 mai sera l’occasion d’exprimer sa solidarité avec tous ces professionnels qui exercent leur métier d’informer dans des contextes de violences qui leur font risquer leur vie. Elle sera aussi l’occasion de manifester son soutien avec tous ceux spoliés de leur liberté d’informer dans le monde entier. Comme en Turquie, où 50 journalistes sont toujours en prison et où les intellectuels sont, d’une manière générale, réprimés.

Le Parlement francophone bruxellois aura manqué le coche le 31 mars dernier. La proposition de résolution pour la liberté de la presse en Turquie, co-signé par Fatoumata Sidibé (FDF), André du Bus (CDH) et Jean-Claude Defossé, n’a pas pu y être votée en commission, faute d’avoir atteint le quorum requis. Au moment où l’examen du texte devait commencer, les parlementaires du PS et celui du CDH, ont quitté la salle sans dire un mot. Les deux représentants du MR les ont suivis. Une manière d’éviter de heurter la susceptibilité de leur électorat d’origine turque à quelques semaines d’une échéance électorale ?

Pour Jean-Claude Defossé, qui ne se représente pas aux élections, « c’est le degré zéro de la politique. Quand je pense que durant plusieurs années les représentants de ces partis ont siégé aux états généraux des médias d’information dont l’atelier 3 était consacré à la liberté de presse… »

Article publié dans Journalistes n°158, avril 2014

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En savoir plus :

? Le site de l’Unesco : http://fr.unesco.org/events/journ%C3%A9e-mondiale-libert%C3%A9-presse-2014

? La page de la Journée mondiale de la Fédération Internationale des journalistes (FIJ) : http://www.ifj.org/fr/services/news-single-view/?no_cache=1&tx_ttnews[backPid]=1&tx_ttnews[tt_news]=9213

? Signez la pétition de la Fédération européenne des journalistes (FEJ) pour la libération des journalistes en Turquie : http://us6.campaign-archive2.com/?u=312d2086b1b5654e5e6957dd9&id=b78d4c427e

? Le site du Comité pour la protection du journalisme : https://www.cpj.org/fr/

? Le classement mondial de la liberté de la presse 2014 de RSF : https://rsf.org/index2014/

? Le site de l’Association mondiale des éditeurs, pour la libération des journalistes emprisonnés : http://www.wan-ifra.org/microsites/30-days-for-freedom

L. D.