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Actus

La déontologie balise aussi l’identification de personnes décédées

24/10/2017

Le Conseil de déontologie journalistique a adopté quatre avis sur plainte lors de la première quinzaine d’octobre. Trois plaintes ont été déclarées partiellement fondées (SudPresse, La Libre, La Nouvelle Gazette Charleroi), une non fondée (La Libre). Deux des trois plaintes partiellement fondées portaient notamment sur l’identification de personnes décédées (SudPresse, La Nouvelle Gazette Charleroi), la troisième était relative au droit de réplique avant publication d’accusations graves.

Conseil de déontologie journalistiqueLa première plainte, déclarée partiellement fondée (G. et F. Tréfois c. Luc Gochel / SudPresse), concernait un article de SudPresse qui relayait les propos d’un témoin entendu dans une enquête de moralité de la PJ sur les relations que sa sœur défunte avait entretenues dans le passé avec une personnalité publique accusée d’avoir assassiné son épouse. Les plaignants reprochaient notamment la publication d’informations personnelles et l’usage sans autorisation de la photo de la défunte. Dans son avis, le CDJ a estimé qu’il était d’intérêt général de diffuser ce témoignage dans le cadre du procès évoqué pour autant que les informations publiées soient d’intérêt général et respectueuses du droit des personnes. Or, il a constaté que plusieurs informations d’ordre privé avaient été dévoilées qui n’étaient pas utiles au sujet traité. Il a considéré également que le fait que ces informations concernaient une autre personne que celle qui témoigne aurait dû inciter le journaliste à davantage de prudence. Enfin, le Conseil a jugé que la publication de la photo de la personne décédée aurait nécessité une autorisation : cette personne n’était pas une personnalité publique et n’était qu’incidemment associée au dossier.

Recouper les sources

La deuxième plainte déclarée partiellement fondée (Productions du Dragon et W. Graziosi c. A. Dive / La Libre) visait un article de La Libre qui annonçait que la création d’un studio Dragone en Italie aurait été financée au moyen de capitaux kazakhs issus de la corruption gouvernementale. Le CDJ a estimé que la gravité des accusations aurait nécessité un droit de réplique des personnes incriminées avant publication. Il a également relevé que si l’information avait été recoupée au moins à une source et relayée en usant du conditionnel, pour autant la journaliste et le média avaient manqué de toute la prudence nécessaire en publiant l’article sans attendre les pièces qui auraient permis de la vérifier. Il a souligné que l’urgence ne les dispensait pas de cette vérification.

Un second dossier (Productions du Dragon c. A. Dive / La Libre) ouvert à la suite d’une autre plainte du groupe Dragone à l’encontre d’un article de La Libre, qui revenait sur une déclaration rassurante de F. Dragone à son personnel alors que la société était en procédure de réorganisation judiciaire, a été déclaré non fondé. Le Conseil a considéré que les différents reproches que formulait le plaignant (parti pris, défaut de vérité, déformation d’information, absence de mention des sources) n’étaient dans ce cas pas rencontrés. Dans son avis le CDJ a notamment rappelé que ce n’est pas parce qu’un article est critique qu’il est partial ou empreint de parti pris.

Une victime de la route ne devient pas une personnalité publique

La quatrième plainte, jugée partiellement fondée (Famille Dewinter c. A. W. et F. V. H. / La Nouvelle Gazette Charleroi) portait sur le compte rendu d’un accident de la route dans lequel un père de famille avait été tué. Le plaignant reprochait principalement la publication de l’identité et de l’image de la personne décédée. Le CDJ a estimé que si révéler l’identité de la victime était d’intérêt général dans le cadre d’un média de proximité, pour autant, la publication de sa photo sans l’accord de la famille n’apportait aucune plus-value à l’information rapportée : la personne décédée n’était pas une personnalité publique locale et le fait d’être victime d’un accident de voiture mortel ne lui conférait pas ce statut. Dans son avis, le CDJ souligne encore que l’usage de la photo de la victime était, dans les circonstances de l’accident, susceptible de heurter inutilement les proches de la victime décédée.

Début octobre, 27 plaintes sont en traitement au Conseil de déontologie journalistique.

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