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Actus

La Turquie et le Burundi où se meurt la liberté de presse

03/05/2016

A l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse ce 3 mai, l’AJP adresse un message particulier de solidarité aux consœurs et confrères de Turquie et du Burundi. Si l’exercice d’un journalisme indépendant et libre souffre aussi ailleurs dans le monde, ces deux pays qui prétendent au statut de démocratie s’illustrent malheureusement par une dégradation brutale de la liberté de presse.

Classement RSF 2016Les 5 mesures du gouvernement turc

En Turquie, la FEJ (Fédération européenne des journalistes) recense 33 journalistes incarcérés. Deux d’entre eux le sont depuis 12 et 13 années. La liste complète et le nombre de jours de détention se trouvent sur le site de la FEJ.

Le 28 avril, deux journalistes d’opposition ont été condamnés pour avoir reproduit en 2015 le dessin de Mahomet paru en Une de Charlie Hebdo. Le tribunal (pénal d’Istanbul) leur a infligé une peine de prison de deux ans, a précisé leur avocat Bülent Utku, annonçant qu’il allait faire appel. L’AFP rapporte que les plaignants sont de simples citoyens qui s’étaient dits offusqués par un « blasphème ». Ils ont crié « Allah Akbar » dans la salle d’audience à l’annonce du verdict, selon les médias locaux.

Le 2 mai, lors d’un débat organisé à Bruxelles par la FEJ, une journaliste turque a rappelé les 5 mesures prises par les autorités à l’encontre des médias, et qui sont actuellement en vigueur :
1. Blocage possible de sites internet et réseaux sociaux hors procédures judiciaires.
2. Interdiction pour les médias et réseaux sociaux de diffuser des informations à la suite d’un attentat commis sur le territoire turc.
3. Accès à la Turquie refusé de plus en plus à des journalistes étrangers. La FEJ a recensé plus de 10 refus ces derniers mois.
4. Confiscation des passeports des rédacteurs en chefs turcs, les empêchant de sortir du pays.
5. Intimidation de journalistes indépendants via des partisans du pouvoir.

La Turquie est toujours candidate à faire partie de l’Union européenne…

Burundi : la fausse reprise

Au Burundi, les tensions intérieures restent vives depuis la crise ouverte par le président voici un an. Après avoir saccagé et brutalement réduit au silence des médias privés, le pouvoir rétablissait, le 20 février dernier, Bonesha FM et la radio Isanganiro. Mais leur travail est désormais sous surveillance, et contraint par un « acte d’engagement » leur imposant de fournir une information « équilibrée et objective » et de ne pas « nuire à la sécurité du pays » selon le blog Yaga. Ce blog, animé par des journalistes burundais en exil, ne veut pas s’afficher comme un média d’opposition. Il donne donc aussi la plume à des partisans du président Nkurunziza et de son parti.

Bien d’autres journalistes ont dû quitter le pays pour éviter l’arrestation voire pire. Alexandre Niyungeko, président de l’Union burundaise des journalistes (UBJ) s’est réfugié au Rwanda avec sa famille. De passage à Bruxelles, il nous confiait ne plus pouvoir imaginer son avenir proche. Les aides financières dont bénéficiaient les réfugiés de la part de diverses fondations ou organisations internationales arrivaient, en effet, à leur terme.

Autre figure bien connue du journalisme burundais, Antoine Kaburahe, patron du groupe de presse Iwacu, a craint lui aussi pour sa vie. Il a fui le pays.

Dans le programme de ce 3 mai (voir ci-dessous), une exposition « Burundi : le regard d’un journaliste », présente des images prises par des journalistes de sa rédaction. Antoine Kaburahe y témoigne de cette période de colère, de peur et d’espoir.

J.F.Dt

Retrouvez le programme du Difference Day à Bozar (Bruxelles).

La FIJ a réalisé, dans le cadre de la journée mondiale de la liberté de la presse, une série de vidéos. Dans l’une d’entre elles, Martine Simonis, Secrétaire générale de l’AJP, revient sur la liberté de la presse en Belgique.

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