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Actus

Sud presse fait marche arrière : Xavier est réintégré

14/01/2015
La Une de Sudpresse

Parmi les nombreuses réactions indignées, ce pastiche de la Une de Sudpresse circule sur le web

Mise à jour, mercredi 14 janvier 2015, 14h30.

Xavier Lambert a été réintégré dans ses fonctions par la direction du groupe Sudpresse. Ce matin (14 janvier), la rédaction de La Louvière, emmenée par JP Cailleaux (délégué AJP et CNE) a tenu une assemblée générale puis a rencontré la direction à Namur. Les collègues de Xavier Lambert ont plaidé et obtenu sa réintégration. Une solidarité interne et locale qui a donc payé, ainsi que la mobilisation extérieure à l’entreprise sur les réseaux sociaux, les articles publiés dans les journaux et les reportages télé et radio. Une mobilisation autour d’une cause juste : la liberté pour un journaliste d’ouvrir un débat éditorial avec ses collègues, sans craindre d’être taxé de complot ou d’action « séditieuse » (sic).

Après avoir annoncé une faute grave, menacé puis tenté de négocier un licenciement au rabais, la direction a donc fait marche arrière. L’AJP en prend acte. Elle remercie tous les journalistes de Sud presse des autres éditions qui, même s’ils n’ont pas arrêté le travail, se sont manifestés auprès d’elle pour dire leur consternation et leur peur d’agir individuellement.

L’AJP demande à ses membres de remettre en place une société des journalistes, espace de débat et de concertation sur la ligne rédactionnelle. Et aussi de questionner les délégués Setca de Sudpresse sur leur attitude dans ce conflit : pourquoi le syndicat majoritaire a-t-il conseillé à ses affiliés de ne surtout rien faire pour soutenir Xavier Lambert?

L’AJP restera vigilante quant à l’évolution de ce dossier et de celui des relations de travail au sein de Sudpresse. « Ce qui s’est passé là, nous le vivons tous les jours » nous confiait encore une journaliste, dont nous tairons le nom, évidemment.

(MS)


Mercredi 14 janvier 2015, 12h

Menacé de licenciement pour avoir osé donner son avis…

Alors que la liberté d’opinion et d’expression est encore sur toutes les lèvres depuis les événements tragiques qui ont secoué la France, le journaliste Xavier Lambert, chef d’édition à Sudpresse, est menacé de licenciement. En cause, la Une de Sudpresse ce week-end. Elle montrait les photos des trois terroristes abattus avec comme titre « Justice est faite ! ». La « faute » du journaliste menacé de licenciement ? Comme l’expliquent L’Avenir et La Libre Belgique, « dans un mail interne adressé à ses collègues éditeurs, il a fait part de son désaccord et proposé de porter le sujet sur la table du « collège de rédaction » (qui réunit, une fois par mois, rédaction en chef et chefs d’édition). » C’en était trop.

Son mail a rapidement été communiqué au rédacteur en chef Michel Marteau qui a indiqué la porte de sortie au journaliste. Une assemblée du personnel de l’édition du Centre était prévue ce mercredi matin à La Louvière, et à 11 heures la direction du quotidien régional du groupe Rossel doit annoncer sa décision à Xavier Lambert. Pour l’occasion il est secondé par Jean-Paul Cailleaux le délégué AJP du journal.

L’AJP a dénoncé ce licenciement et assuré le journaliste de son soutien. Elle annonce une action judiciaire immédiate contre SP. Pour Martine Simonis « la liberté d’expression commence là où on se trouve, et pour les journalistes, c’est dans leur rédaction. Dénier aux journalistes le droit d’émettre un avis sur une question éditoriale, c’est contraire à toutes les valeurs du métier mais aussi au droit d’expression reconnu à tout travailleur, a fortiori s’il est professionnel de l’info ». De son côté la direction de Sudpresse a visiblement pris l’option de calmer le jeu et de noyer le poisson, évoquant une accumulation de faits avant cette « goutte d’eau qui a fait déborder le vase ».

Une « goutte d’eau » qui fait réagir de nombreux internautes. Une page a été créée sur Facebook. Elle clame : « Soutenons Xavier Lambert ! Journaliste de Sudpresse ! » Les trois initiateurs de cet appel expliquent : « nous souhaitons marquer notre désaccord, notre soutien et notre indignation suite aux mesures prises envers ce journaliste ! Aidez-nous à nous faire entendre !!!!  (…) Si vous trouvez cette décision injuste et décalée par rapport aux manifestations « Je suis Charlie », cliquez sur J’Aime. »

Et plusieurs journalistes s’expriment sur la toile pour s’indigner de cette entorse à la liberté d’expression et d’opinion. Ricardo Gutiérrez, secrétaire général de la FEJ (Fédération européenne des journalistes) écrivait : « Si le licenciement est confirmé, ce mercredi, toutes les rédactions du groupe devraient immédiatement arrêter le travail (à commencer par la rédaction de Sudpresse) jusqu’à la réintégration de leur confrère. Car ce fait gravissime – bafouer la liberté de pensée d’un journaliste – porte atteinte à l’image et au crédit de l’ensemble des titres du groupe Rossel (Le Soir, SudPresse, Le Soir Mag, La Voix du Nord…). Si les journalistes du groupe ne se mobilisent pas aujourd’hui pour Xavier Lambert, personne ne le fera demain pour eux. »

Des pastiches de Unes de Sudpresse ont très rapidement vu le jour. Notamment celle de ce week-end, mais avec un autre message : « Xavier Lambert, abattu. Justice est faite ! ». Ou alors la Une qui, tout au début de l’affaire Wesphael clamait « c’est un assassinat ! » Un internaute reprend « Xavier Lambert, ce n’est pas un licenciement, c’est un assassinat ! ».

D’autres rappellent encore que la déontologie journalistique protège la liberté d’opinion, de commentaire, de critique… des journalistes.

Toujours via Facebook, un appel à signer une pétition de soutien à Xavier Lambert a été lancée.

Au sein du groupe Rossel, la Société des journalistes professionnels du Soir a écrit à Bernard Marchant, administrateur délégué du groupe, pour l’interpeller sur ce problème (lire ci-dessous). Le Soir compte diffuser un article sur son site ce mercredi après-midi. L’Avenir et La Libre, ainsi que la RTBF l’ont fait dès hier soir.

Courrier adressé à M. Marchant par la SJPS :

Monsieur Marchant,

C’est avec consternation que la Société des journalistes professionnels du Soir (SJPS) a appris la nouvelle du licenciement de notre collègue Xavier Lambert. La SJPS juge inacceptable qu’un journaliste soit licencié pour avoir voulu soumettre au débat un choix éditorial.

Si les faits devaient être avérés, cette décision de la direction de Sud Presse constituerait une atteinte claire et intolérable aux principes qui guident notre profession, à commencer par la liberté de pensée et d’expression.

En outre, elle porterait gravement atteinte à l’image de Rossel, et indirectement aux titres du groupe, dont Le Soir.

Le SJPS vous demande instamment d’intervenir pour apporter à cette situation une solution conforme aux valeurs de notre métier.

Nous vous en remercions par avance.

Très cordialement.

Pour le conseil d’administration de la SJPS

Bernard PADOAN

Président

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