Matière bien délicate que celle du droit à l’image ! Le principe général est simple : chacun est propriétaire de son image et la diffusion de celle-ci doit faire l’objet d’un consentement exprès de la personne représentée, à interpréter de façon restrictive. Une autorisation donnée ne vaut pas éternellement ni pour illustrer n’importe quel sujet. Si je photographie des passants dans une rue, je suis a priori dans des cas d’exceptions à ce principe général. Normalement, il est permis de reproduire l’image d’une personne présente dans un lieu public. Et la rue est bien un lieu public, c’est à dire accessible à tous, sans restrictionni préalable. Idem pour un parc, un hall de gare, un bureau de poste ou un musée gratuit par exemple. Mais pas un cinéma, un musée payant ou un bistrot… Cette liberté a cependant des limites : montrer la personne dans une situation embarrassante ou délicate pourra être condamné en justice ; idem si j’associe l’image d’une personne, même consentante,à un sujet dévalorisant ; si le passant est cadré de façon rapprochée ou s’il est isolé, dans la publication, du groupe (de manifestants par exemple) où il se trouvait, ou si la rue n’est plus le sujet de la photo mais bien la personne en question, le droit de celle-ci sur sonimage prévaut et l’autorisation s’impose. On le voit, l’évolution de la jurisprudence réduit fortement l’exception des lieux publics. La célèbre photo de l’étudiante de mai 1968 offrant une rose à un CRS ne serait sans doute pluspossible aujourd’hui….

Journalistes n°22, décembre 2001, Jean-François Dumont
Source : Stéphane Hoebeke et Bernard Mouffe, Le Droit de la presse, Academia Bruylant

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