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Actus

Campagne indépendants : la rencontre de Charleroi

23/02/2005

Comme à Liège, on peut considérer que cette deuxième rencontre se solde par un succès de participation. Une trentaine de journalistes (dont plusieurs salariés venus assurer leurs consoeurs et confrères indépendants de leur solidarité) ont rallié la Maison de la presse de Charleroi ce 23 février pour un « midi de la presse » qui se prolongera une bonne partie de l’après-midi. Dans les grandes lignes, les mêmes préoccupations et les mêmes revendications se sont manifestées : obtenir un meilleur tarif pour les piges, élaborer un statut fiscal et social spécifique pour les journalistes indépendants, mener des actions d’informations sur les réalités du métier auprès des étudiants des écoles en journalisme (et ce dès le début des études, pas seulement en fin de parcours scolaire).

Par rapport à la situation liégeoise, il apparaît que la région de Charleroi connaît des disparités encore plus grandes entre les différents tarifs appliqués aux pigistes et, surtout, une plus grande précarité sociale. Certains jeunes confrères ont cité des exemples ahurissants : 10 euros (bruts) l’heure payée par une télévision locale à un caméraman, un pigiste qui « touche » 7,50 euros (+ 0,20 euros le km) pour la couverture d’un match de foot, un photographe qui reçoit un fixe mensuel de 770 euros bruts (et pas le moindre frais de déplacement) pour assurer à temps-plein la couverture photo de toute la région. Des « deskistes » à qui on « offre » 26 euros pour assurer et finaliser une mise en page. A ces tarifs, on ne peut plus parler de salaires mais bien d’aumônes.

Un confrère plus expérimenté (qui a été longtemps salarié avant de devenir free lance) a fait observer que des journalistes indépendants peuvent améliorer leur ordinaire en faisant des piges pour des magazines d’entreprises à la recherche de bonnes plumes. « Il faut parfois trouver un peu de boulot sur les sentiers latéraux », a-t-il suggéré. Reste à voir dans chaque cas d’espèce si ce type de collaborations est compatible avec la déontologie journalistique.

La question des faux-indépendants a aussi longuement été évoquée à Charleroi : qu’est-ce qu’un faux-indépendant ? Quel est l’état de la jurisprudence ? Que pouvons-nous faire ? L’occasion de rappeler que l’AJP a été à l’origine de plaintes contre certains « employeurs », qu’elle a négocié la régularisation sous contrat de travail d’une centaine de journalistes faux-indépendants (Soir, Sud Presse, LLB), qu’il reste certains points noirs (les bureaux régionaux de la DH notamment) et que le phénomène est en résurgence perpétuelle.

Elément plutôt inquiétant, quelques jeunes confrères indépendants se sont interrogés sur la carte de presse dont ils ne voient pas l’utilité. Martine Simonis leur a expliqué l’intérêt et les avantages que pouvaient leur procurer un tel document professionnel. Mais au-delà, demander son agréation, s’affilier à l’union professionnelle, s’intéresser à son statut et défendre le professionnalisme, c’est aussi poser un acte de solidarité ; il appartient aux membres de formuler clairement leurs attentes vis-à-vis de l’AJP. Ainsi, la campagne pour les indépendants, qui sera lancée à l’issure des rencontres, trouve son origine dans le travail des représentants des indépendants au conseil de direction. Tous les participants conviennent de prolonger la réflexion et les actions. L’idée du « Livre Noir » (voir compte-rendu de la rencontre de Liège) fait son chemin…

Daniel CONRAADS

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