La RTBF a décidé
de ne pas diffuser le reportage "Tintin a-t-il vendu son âme au Diable?",
réalisé pour l’émission "Questions à la
une" du mercredi 10 octobre, suite à une décision du tribunal
de première instance de Bruxelles qui a interdit la diffusion de certains
passages jusqu’à ce que la justice tranche sur le fond de l’affaire.
La procédure a été introduite par Nick Rodwell, administrateur-délégué
de la SA Moulinsart, qui s’exprime en caméra cachée au sujet d’une
liste noire de spécialistes d’Hergé que la société
Moulinsart ne désirait pas voir apparaître dans ce reportage. La
RTBF a réagi vigoureusement contre cette censure préalable, "contraire
à la liberté d’informer garantie par la Constitution",
et introduira sans délai "tous les recours nécessaires pour
faire prévaloir la liberté d’expression et d’information, et permettre
à ses téléspectateurs de voir cette émission dans
son intégralité". La Société des journalistes
de la RTBF déplore également le raccourci accusant la RTBF d’une
recherche de sensationnalisme et estime légitime le recours à la
caméra cachée pour montrer l’existence d’une liste noire de journalistes
et de personnalités.
L’Association des journalistes professionnels (AJP), sans se prononcer sur le
fond, déplore dans un communiqué (lire
aussi ici) que « le principe constitutionnel prohibant toute censure ait été
bafoué. Cette interdiction de toute censure ne met pas la presse à l’abri des
lois. Les journalistes acceptent d’assumer leurs responsabilités et d’en répondre
au besoin devant la justice. Mais en aucun cas, cela ne peut se faire a priori,
en imposant le silence aux journalistes ».