Conciliation vie privée – vie professionnelle

conciliation vie privée - vie professionnelle

Quelques chiffres à retenir quant à la situation familiale des journalistes femmes : 38% des femmes vivent en couple avec enfants, 27% vivent seules sans enfant et 40% des femmes n’ont pas d’enfant, pour seulement un quart des hommes (24%). (étude p.24) Pour chaque tranche d’âge, les femmes journalistes sont plus nombreuses à ne pas avoir d’enfant que les hommes. Le même constat avait déjà été posé en 2013.

Quelles sont les raisons derrière ce décalage ?

Bien que l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée soit ténu pour tou.te.s les répondant.es (horaires difficiles, charge de travail, conditions de travail décrites comme sources de tension dans le couple), les femmes rencontrent plus de difficultés encore que les hommes dans cette conciliation. La charge mentale, essentiellement portée par les femmes, et l’état de préoccupation permanente qui l’accompagne, explique en partie cette situation. Elle prend racine dans les modèles traditionnels de la répartition de la place et du rôle des hommes et des femmes dans la famille et au sein du foyer. Les représentations traditionnelles du rôle de mère sont par ailleurs peu compatibles avec le métier de journaliste (exigences de disponibilité et présentéisme). C’est ce que les anglophones nomment le « motherhood dilemma ».

Paroles de responsable hiérarchique : « Aujourd’hui en télé, on a un horaire type qui est 9H-19H. Et je pense qu’à un certain moment de la carrière, ce type de journées est assez difficilement gérable pour une femme… enfin, ça peut paraître un peu old school de dire ça, mais c’est vrai qu’à un moment, avec la maternité, etc., c’est sans doute plus complexe à gérer. » (étude p.147)

Ces mêmes modèles traditionnels sont réactualisés et amplifiés quand/si survient la maternité et ce qu’on appelle communément « la double journée ».

Paroles de journaliste : « Je me rappelle toujours, pendant des années, je déposais mes enfants à la crèche ou à l’école, et je pensais déjà au boulot. Et quand j’arrivais au boulot, je pensais déjà… enfin voilà. C’est un truc, c’est pompant quoi. » (étude p.72)

Les femmes journalistes sont également plus nombreuses à anticiper les difficultés de conciliation entre leur métier et leur vie parentale, avant même que celles-ci ne surviennent. Ces inquiétudes sont couplées à des interrogations personnelles de la part des femmes et la sensation d’un temps (professionnel et biologique) qui passe et risque de ne pas combler les aspirations dans les vies professionnelles et privées. La dépendance financière vis-à-vis de son conjoint, liée à la précarité du métier de journaliste, amène également parfois un sentiment de déséquilibre dans les relations amoureuses homme-femme, voire une forme de domination économique du côté des hommes.

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