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Actus

Violence à l’égard des femmes : quel traitement médiatique pour ce fléau ?

21/11/2018

Pour marquer la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles (25 novembre), fléau que les Nations unies considère lié « à des questions plus larges de pouvoir et de contrôle des sociétés dans un monde dominé par les hommes dans lequel les femmes sont vulnérables à la violence de multiples façons » 1, l’AJP souhaite remettre en avant les résultats d’une récente étude sur « Le traitement médiatique des violences faites aux femmes » ainsi que les recommandations émises à l’attention des journalistes qui en ont découlé.

Cette étude (confiée à Sarah Sepulchre,professeure à l’UCL, et Manon Thomas, chercheuse, encadrées par un comité d’accompagnement composé de l’AJP, du cabinet de l’Égalité des chances, et de trois associations de terrain : SOS Viol, le Collectif des femmes, et Solidarité femmes), dont les résultats ont été publiés en avril 2018, s’interrogeait sur la manière dont la presse quotidienne rapporte les violences faites aux femmes. Se limite-t-elle à livrer des faits divers bruts ou prend-elle le temps d’analyser le phénomène ?

A l’analyse de 120 articles parus dans six quotidiens francophones belges, des tendances se dessinent :

  • Les violences contre le femmes, quel traitement journalistiqueLes violences faites aux femmes sont traitées majoritairement sous la rubrique « faits divers », souvent sous forme de brèves. Les analyses et les articles sur les violences symboliques (discrimination des femmes sur le marché de l’emploi, par exemple) augmentent à l’approche de jours spéciaux, comme le 8 mars (Journée internationale des droits des femmes) ou le 25 novembre (Journée de lutte contre les violences faites aux femmes).
  • Il est intéressant de noter aussi que, dans plusieurs cas, les analyses plus approfondies sont apportées par d’autres personnes que le journaliste: associations de femmes, représentant-e-s politiques, syndicats, …
  • Quelques constantes : les victimes femmes sont très peu décrites, sauf quand il s’agit de célébrités (on donne alors leur prénom et leur nom). Les auteurs de violences ne sont pas beaucoup plus détaillés, sauf lorsqu’on se retrouve en présence de mères infanticides. Elles font alors l’objet de portraits plus fouillés et les journalistes tentent de comprendre leurs motivations.
  • De manière générale, les raisons invoquées par les auteurs pour justifier leurs violences (ivresse, rupture amoureuse,…) sont reprises telles quelles dans les articles étudiés, sans que le journaliste rappelle qu’il ne s’agit pas d’un motif valable pour agresser ou tuer une femme.
  • L’étude relève aussi que l’écriture journalistique peut être problématique quand elle met en avant des phénomènes anecdotiques (les statistiques des hommes battus) ou quand elle utilise du vocabulaire minimisant les agressions subies (parler de « drôle de mésaventure » à propos d’une tentative d’enlèvement).
  • L’étude constate enfin un fossé énorme entre les faits divers et les articles « société » parlant des violences faites aux femmes. Les faits divers ont le nez sur les faits et parlent de victimes et d’auteurs souvent peu décrits, sans remettre en contexte les violences, tandis que les articles « société » proposent des analyses globales qui sont rarement « incarnées » par des humains reconnaissables. Pour le lecteur, le lien entre les cas individuels et les phénomènes de société est alors gommé.

Les recommandations

Pour aider les journalistes et les rédactions dans leur traitement des violences faites aux femmes, l’AJP a rédigé, sur base des constats de l’étude et des ressources existantes, une série de recommandations rappelant de contextualiser les faits, de choisir soigneusement son vocabulaire ou encore de ne pas hésiter à solliciter les expertises de terrain.

Ces recommandations sont accompagnées d’une série de liens renvoyant vers des ressources utiles (sites proposant des réflexions sur le sujet, chartes concernant le traitement des violences sexistes, etc.)

Le texte complet de l’étude est consultable sur notre site.

1. www.un.org

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