Bye bye Belgium : analyse d’un « ovni médiatique »
La diffusion le 13 décembre 2006, sur les antennes de la RTBF,
du magazine « Tout
cela ne nous rendra pas la Belgique » (Bye bye Belgium) fera date dans l’histoire
médiatique belge. Farce de mauvais goût pour certains, action citoyenne visant
à relancer le dialogue entre les deux principales communautés du pays pour d’autres,
l’émission a eu ses détracteurs et ses partisans. Elle n’a laissé personne indifférent
tant l’émotion provoquée par l’annonce de la disparition du pays fut grande. En
témoignent les 32.368 appels, le soir même, rien que sur le numéro payant mis
en place pour l’opération.
La limite entre fiction et réalité était-elle à ce point ténue ? Y a –t-il eu
confusion des genre ? Ou transgression des règles ? La déontologie journalistique
a-t-elle été mise à mal ? Les questions, au lendemain de cette diffusion, ne manquèrent
pas de nourrir bien des débats parmi lesquels un colloque organisé à Louvain-la-Neuve,
fin janvier 2007, par l’Observatoire
du récit médiatique (ORM).
Dans la foulée de ce colloque, auquel assistèrent plus de 350 personnes – étudiants,
professionnels et citoyens –, l’ORM consacrait une large partie de sa revue Médiatiques
(n°39) à cet « ovni médiatique ». Frédéric Antoine s’y interroge sur le terme « docu-fiction »
et y oppose le concept de « télé-réalité ». André Gattouin y définit la notion du
canular et explique en quoi il s’applique à l’émission de la RTBF. Anne Libert
s’y intéresse aux transgressions narratives d’un faux JT et Benoît Grevisse y
revient sur le « brouillage des codes déontologiques ».
Pour prolonger ces réflexions, l’ORM sort aujourd’hui, aux éditions
Couleurs livres, « Le vrai-faux journal de la RTBF. Les réalités de l’information ».
L’ouvrage, dirigé par Marc Lits, met à plat l’émission, la décortique séquence
par séquence et l’analyse dans ses enjeux journalistiques, politiques, éducatifs
et déontologiques. Ces questions sont abordées de manière interdisciplinaire par
des spécialistes de l’analyse des médias, du journalisme et de la science politique.
(L. D.)