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Ce qui nous rassemble

05/02/2007

« Au moment où l’on parle de journalisme citoyen et de nouvelles formes de journalisme plus ‘moderne’, il est bon de rappeler que la citoyenneté est bien l’essence de la déontologie du journalisme. »

Il y a divers journalistes (salariés ou indépendants, généralistes ou spécialisés) et des médias différents (presse écrite, audiovisuel, médias électroniques), mais une définition unique du métier convient dans tous les cas : le journaliste est celui qui effectue un travail intellectuel en vue de fournir une information ayant un lien avec l’actualité, et cela à l’exclusion de toute activité dans le domaine de la publicité ou des relations publiques.

Les journalistes professionnels, n’ont pas d’activité commerciale et le journalisme est leur profession principale ; ils sont reconnus en Belgique dans le cadre de la loi du 30 décembre 1963 par une commission d’agréation paritaire (éditeurs-journalistes), indépendante des pouvoirs publics. Cette commission décerne le droit à une carte de presse officielle (délivrée par le ministère de l’Intérieur) aux journalistes d’information générale, à savoir la majorité des professionnels. Les journalistes de la presse périodique (A.R. de 1965), dits journalistes de profession s’ils sont agréés, dépendent davantage du ministère de l’Intérieur pour la délivrance de leur carte professionnelle. Des contacts sont en cours pour un regroupement des associations concernées et une uniformisation de ces procédures.

Il y a des journalistes non professionnels qui collaborent aux médias et traitent de l’information (pigistes spécialisés, chroniqueurs réguliers, correspondants locaux) mais ils dépendent d’une rédaction, d’un éditeur, qui veillent normalement au respect de la déontologie en ce qui concerne leurs prestations. Le but de ces précisions légales est d’assurer le destinataire de l’information, à savoir le public, de la crédibilité du journaliste.

Avec le développement de l’Internet, la communication au plus grand nombre est presque accessible à tous mais il ne s’agit de journalisme que si cette activité intellectuelle répond aux définitions légales que nous venons d’évoquer et à la déontologie.

Un service rendu à la société

La déontologie des journalistes est codifiée dans la déclaration des devoirs et droits des journalistes, adoptée par les syndicats des journalistes à Munich en 1971 et par la Fédération internationale des journalistes (FIJ) à Istanbul en 1972. Et ensuite par le Code de principes de journalisme adopté par les éditeurs et journalistes belges. Plusieurs rédactions importantes et notamment à la RTBF ont aussi adapté ces grands principes pour les faire correspondre à leur pratique spécifique de journalisme. Car la déontologie est avant tout un code de « bons usages de la profession », qui se discute entre professionnels d’abord et avec la société ensuite (avec le public, les associations intéressées, la magistrature, les avocats, des parlementaires, etc. .)

Ces bons usages évoluent avec la société et avec les progrès des technologies de la communication.
La finalité de la déontologie est bien définie par Jean-Claude Bertrand, professeur à l’institut français de presse, université de paris 2, dans son excellent livre « La déontologie des médias » (Que Sais-je ? n° 3255).

« En ce qui concerne les médias, c’est un ensemble de principes et de règles, établis par la profession, de préférence en collaboration avec les usagers, afin de mieux répondre aux besoins des divers groupes de la population. Le journalisme a ceci d’exceptionnel, parmi les institutions démocratiques, que son pouvoir ne repose pas sur un contrat social, une délégation par le peuple –par élection ou par nomination sur diplôme ou par vote d’une loi imposant des normes. Pour garder leur prestige et leur indépendance, les médias ont besoin de se pénétrer de leur responsabilité première : bien servir la population. Leur déontologie ne relève pas du droit, ni même, à la limite, de la moralité si on prend ce terme au sens étroit. Il ne s’agit pas tant d’être honnête et courtois – mais d’assurer une fonction sociale majeure. »

Au moment où l’on parle de journalisme citoyen et de nouvelles formes de journalisme plus « moderne », il est bon de rappeler que la citoyenneté est bien l’essence de la déontologie du journalisme. Une information obtenue par des moyens contraires à la déontologie ne se justifie que si elle sert réellement cet objectif fondamental : répondre aux besoins de la population, dans le sens d’une préservation de la démocratie et des principes des droits humains qui fondent nos sociétés. C’est pourquoi les réflexions déontologiques des journalistes en association, dans les rédactions, dans les débats avec la société, sont essentielles pour éviter les dérives sensationnalistes et mercantiles de l’information.

C’est en reconnaissance de ces principes qu’une mission a été confiée aux associations représentatives des journalistes et des éditeurs et responsables de médias lors d’un grand débat sur la presse en 1995: assurer une autorégulation de la profession. C’est là le début du long combat mené par l’AGJPB et l’AJP en vue de l’instauration d’un conseil de déontologie.

Gabrielle LEFEVRE

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