Le journalisme en danger de mort
Les premières Assises internationales du journalisme se sont déroulées, du 7 au 9 mars, à Lille et à Arras. Organisées par l’association Journalisme et citoyenneté, elles avaient pour objectif de souligner la fragilité du journalisme actuel, à l’époque où l’on dénonce la suprématie médiatique. « Cet agglomérat qui se fait entre médias et journalistes ne nous semble pas bon pour le débat démocratique. Les médias, c’est un produit. Les journalistes, c’est ceux qui le font. Nous sommes dans une situation d’extrême fragilité. Certains ont même dit, en danger de mort« , explique Jérôme Bouvier, instigateur des Assises. Et si le journalisme est en danger, estime-t-il, c’est parce que toute une mécanique s’est enraillée. En raison de facteurs économiques d’abord, où la concentration des médias va de paire avec une précarisation de la profession. Technologiques ensuite, avec des moyens matériels permettant un flux incessant d’informations. Enfin, et surtout, démocratiques, se traduisant par une défiance des citoyens « qui ne se retrouvent plus dans l’information qu’on leur propose« .
Trois journées, donc, pour parler de la formation des journalistes, de la précarité de statuts, de la condition particulière du documentaire, des « tsunamis » médiatiques, du photo-reportage, des médias de proximité, de déontologie ou encore d’internet.
Et si l’on a débattu, on a aussi proposé. En effet, ces premières Assises ont abouti à un appel pour une responsabilisation générale des professionnels de l’info. Car les journalistes ont leur spécificité, pour autant qu’ils la reprennent en mains et que leurs employeurs leur en redonnent les moyens.
« Les journalistes ont décidé de privilégier les objectifs suivants : réaffirmer qu’une information de qualité nécessite du temps et des moyens ; reconnaître le droit des rédactions dans les entreprises de presse (sociétés de journalistes, reconnaissance juridique de l’équipe rédactionnelle) ; instaurer une formation tout au long de la carrière ; mettre en œuvre enfin les outils qui peuvent contribuer à la restauration de la confiance avec les citoyens (médiateurs, conseil de presse, etc.) »
Les journalistes français se sont également prononcés en faveur de l’élaboration d’une charte de déontologie commune à tous, sans exception, inspirée des chartes et codes existants, pour redéfinir les droits et devoirs du journaliste à une époque de mutation pour la profession.
L. D.
Site : www.assisesdujournalisme.com
+ Lire le reportage sur la précarité sur le blog de la campagne Pigiste, pas pigeon ! (avec les interviews de : Hervé Bourges, Hervé Brusini et Edwy Plenel)