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Les citoyens ont pris la parole

14/01/2008

Depuis le 10 juin 2007, le feuilleton de la crise politique belge se retrouve dans l’ensemble des médias, presse féminine et étrangère y compris. Cette surmédiatisation alimente-t-elle le brasier communautaire ?
La question se trouvait au cœur de trois débats organisés en marge : le 22 novembre à Bruxelles, à l’initiative de la plate-forme Journalists@YourService (J@YS) ; le 29 novembre à Louvain-la-Neuve, sous la houlette de l’Observatoire du récit médiatique (ORM); et le 5 décembre aux Facultés universitaires catholiques de Mons (FUCaM), en partenariat avec la Haute école libre du Hainaut occidental (HELHO) et avec la participation de l’Université catholique de Louvain-la-Neuve (UCL).

Journalistes et observateurs des médias y ont longuement exposés leurs points de vue et analyses de la situation. Nous en avons retenu ici quatorze idées-clés *.

* Une version courte de cet article a été publiée dans le numéro 88 de Journalistes – La lettre de l’AJP de décembre 2007, dans le cadre du dossier « Médias et politique – Tous acteurs de la crise? ».


« Bye bye Belgium » : l’amorce controversée

Pour la rédactrice en chef du Soir, invitée à Bruxelles et à Louvain-la-Neuve, Béatrice Delvaux, « il s’agit d’un grand événement journalistique même s’il est discutable sur le plan déontologique car, pour la première fois, on a ressenti la peur des Francophones« . A Mons, Frédéric Antoine (ORM) interroge: « Ne faut-il pas passer par cette forme pour transmettre des informations qui ne passeraient pas autrement ? Cette émission a été un électrochoc, c’est évident : les trois quarts de la population n’avaient pas en tête que la Flandre pourrait se séparer de la Wallonie ! » Un enthousiasme modéré, à Mons, par Frédéric Cauderlier (RTL). « Ce qui me déplaît, ce sont les codes déformés. Plutôt que d’expliquer, Bye bye Belgium a d’avantage suscité des réactions, des sentiments. Je regrette que l’on soit finalement tombé dans des débats classiques et ronronnants. Et que l’on soit fort resté dans la caricature. »

Dramatisation à la Une

La crise se suit comme un feuilleton et occupe une place plus ou moins importante dans les médias, même lorsqu’il n’y a rien de neuf à en dire. Joëlle Desterbecq (UCL) en veut pour preuve la rentrée parlementaire du 9 octobre, qui a fait l’objet d’une émission spéciale de plus de trois heures à la RTBF et d’une retransmission via webcam sur le site de RTL. « Alors qu’il ne se passait pas grand-chose, la RTBF a tenté de mettre en place une intrigue en jouant sur les codes de la télévision« , observe-t-elle.

« Au lendemain des élections, on a pressenti que la période de négociations s’annonçait difficile. D’où le décompte des jours à l’écran« , justifie Benoît Moulin, rédacteur en chef du JT de la RTBF. Qui reconnaît que, par nature, la télévision n’échappe pas à la dramatisation. « Malheureusement, on utilise souvent des techniques liées au spectacle. »

Entretenir le feu médiatique

Du 10 juin au 10 novembre, Olivier Standaert (UCL) a analysé les Unes de cinq quotidiens (La Nouvelle Gazette, Le Soir, La Libre Belgique, La Dernière Heure, Vers l’Avenir). La crise s’y est retrouvée à plus de 250 reprises dont 86 et 87 fois dans Le Soir et La Libre Belgique contre 16 fois seulement dans La Nouvelle Gazette.
« Une fois que l’on a tout expliqué, que toutes les clés de lecture ont été données, que dire de plus ?« , estime Hubert Van Slembrouck, chef de l’info générale à Sud Presse. « Quand on consacre une Une à la crise, il s’agit toujours d’un gros événement dans l’actualité », poursuit-il, qualifiant d’ »acceptable » la position adoptée par la chaîne flamande VTM, dont la politique éditoriale est de parler de la crise uniquement lorsqu’un fait important le justifie. Bref, « quand on n’a rien à dire, on ne dit rien ! »

Luc Pauwels, journaliste à la VRT TV, rappelle que « Au terme de 177 jours, il est normal de se demander où il est encore possible de trouver des aspects de la crise à traiter. La situation est folle au point que des collègues de la BBC ont réalisé un reportage sur nos propres reportages ! »

« C’est vrai que l’on se dit qu’il ne se passe quasi rien« , remarque Frédéric Antoine aux FUCaM. « On est obligé de couvrir le traitement de la crise tous les jours même s’il ne se passe rien. On en a fait une série à suivre et on décline les sujets tant qu’on peut pour entretenir le feu médiatique. »

Complexité et inexpérience

Une grande difficulté dans le traitement journalistique de la crise consiste, pour Luc Pauwels, à « utiliser un langage très compliqué pour expliquer de manière simple des choses compliquées« . Dès lors, comment les médias peuvent-ils approcher un phénomène d’une aussi grande complexité ? Le politologue Pierre Vercauteren, qui estime se trouver « dans de la non information depuis plus de 170 jours », répond : « Cela confronte à des paramètres que les médias ne maîtrisent pas : la durée, la complexité de la crise et les facteurs de l’inexpérience des négociateurs« .

D’inexpérience, il est également question à propos des journalistes, avec Jean-Pierre Stroobants, correspondant du Monde en Belgique, qui se dit frappé à la fois par « l’absence totale de maîtrise de la communication de la part d’Yves Leterme » et par « la jeunesse de la plupart des journalistes de l’audiovisuel qui couvraient l’événement. Cela a pu témoigner, de la part de certains d’entre eux, d’une méconnaissance du sujet. »

Un média, une communauté

Trois rencontres et un même constat : le discours qu’adopte le média en fonction de son appartenance à un groupe linguistique. « Inacceptable coup de force » pour Vers L’Avenir, le vote BHV à la Chambre devient « un chemin vers la scission » dans Het Belang Van Limburg. Et quand Yves Leterme est critiqué dans les journaux flamands, c’est parce qu’il est « passé à côté d’une réforme de l’Etat« . Olivier Standaert (UCL) cite encore la manifestation pour l’unité de la Belgique, dont la couverture a été plus importante dans les journaux francophones, « confrontés à des logiques et des objectifs différents« .
« La tâche est d’autant plus difficile que l’on vit dans deux pays et qu’il y a deux opinions publiques, relève Baudewijn Vanpeteghem, journaliste à Trends. Du côté francophone, les choses sont perçues de manière beaucoup plus émotive alors qu’au Nord, on est plus pragmatique. Aussi, je n’ai pas vu beaucoup de drapeaux belges en Flandre. » Et Marc Sirlereau (RTBF) de rappeler que « les journalistes ne sont pas objectifs. Il y a la langue, l’appartenance régionale, les idées politiques. Il y a des a priori sans volonté de mentir ou tricher. »

A la (re)découverte de l’autre

On redécouvre nos voisins les Flamands. On constate la différence culturelle mais les journaux du Nord et du Sud ne rendent pas compte des faits de la même manière. « Très souvent, on utilise des clichés« , regrette Filip Rogiers, journaliste politique au Morgen. Et Jean-Pierre Stroobants (Le Monde) de s’interroger « sur cette volonté un peu désespérée de se connaître à travers les médias« .
Si Flamands et francophones semblent se redécouvrir aujourd’hui, ça se passe aussi dans les rédactions. En témoignent l’initiative de rapprochement entre les rédactions, comme l’ont fait Le Soir et De Standaard au lendemain de la diffusion de « Bye Bye Belgium »* ; et les bourses d’échanges pour journalistes, mises sur pied il y a quelques années par la Fondation Roi Baudouin.

Luc Pauwels (VRT TV) estime néanmoins qu’il reste encore pas mal de chemin à parcourir… « On ne se connaît pas entre rédactions. Même s’il y a des échanges quotidiens entre la VRT et la RTBF, on sent bien qu’il y a un mur qui n’est pas que physique. Au-delà de la crise, le fédéralisme a rendu la frontière linguistique plus difficile à traverser. » Une opinion que ne partage pas Frédéric Cauderlier, qui affirme travailler, pour la première fois, « main dans la main » avec ses collègues de la VRT. « Le discours du politique est différent selon qu’il s’adresse à un journaliste francophone ou néerlandophone. Recouper une interview en la comparant avec celle réalisée par mon collègue flamand permet d’être le plus correct possible. »
« Cela dit, conclut Baudewijn Van Peteghem (Trends), l’augmentation des contacts entre les rédactions est une conséquence économique : les entreprises ont différents titres dans les deux langues qui s’échangent l’info entre eux. »

Parler de l’autre oui, mais gare aux clichés, met en garde Frédéric Cauderlier. « Médiatiquement, on est dans deux pays différents. Par simplification, on a tendance à caricaturer les propos. Et la caricature jette de l’huile sur le feu. »

* Cette collaboration a donné lieu à des échanges rédactionnels mais aussi à un grand débat entre les lecteurs des deux quotidiens. Collaboration également sur le plan commercial puisque Le Soir propose des abonnements à tarif préférentiel aux lecteurs du Standaard, et vice-versa.

Marketing identitaire et médias belgicains

Bel-RTL invite ses auditeurs à s’habiller aux couleurs du drapeau belge. Un drapeau que La Dernière Heure invite à sortir à son balcon. Les journaux du groupe Sud Presse offrent des autocollants tricolores à leurs lecteurs. L’Eventail pare sa couverture de noir, jaune et rouge dans un plaidoyer pour une Belgique unie, en français et en néerlandais dans le texte. L’édition spéciale de RTL TVI organisée le jour de la manifestation pour une Belgique unie donne lieu à un record d’audience avec 875.661 téléspectateurs. Le sentiment d’identité nationale est aussi un argument de vente. « Notre journal est belgicain. C’est pour ça et pour répondre à une demande qu’on a distribué un autocollant », explique Hubert Van Slembrouck. « Sur notre site, un millier de personnes a répondu à un sondage au sujet de cet autocollant : ils ont été nombreux à les avoir jetés à la poubelle. J’ai l’impression que la crise politique ne passionne pas les foules ou, en tout cas, pas notre lectorat. »

Pascal Belpaire, rédacteur en chef de Vers L’Avenir, estime que son journal n’a pas « trop joué sur le côté belgicain, même si on sait que notre lectorat est très attaché à la Belgique. On n’a pas voulu jouer sur le drapeau belge, sur son utilisation commerciale, mais on a plutôt voulu apporter une dimension de réflexion. »

Au Vif-L’Express, la rédactrice en chef Dorothée Klein voit la crise comme une occasion « de réconcilier les gens avec le politique« , précisant que son magazine « n’est pas là pour servir la cause francophone mais pour essayer de dénoncer ce qui en vaut la peine. »
Côté flamand, Baudewijn Van Peteghem (Trends) dit que ce n’est pas le rôle de journaliste de plaider l’une ou l’autre cause. « Moi, j’essaie d’expliquer ce qui se passe vraiment. Quand il y a eu le vote sur BHV, ce n’était pas la fin de la Belgique ! Mais les éditeurs et les rédactions veulent vendre ! Et puis, quand on distribue un autocollant belge avec le journal, c’est mettre de l’huile sur le feu ! Regardez aussi la différence qu’il y a entre une couverture du Vif et l’édito à l’intérieur du magazine : c’est toute la différence entre le commerce et le journalisme ! »

Le retour des opinions

« La presse d’opinion n’existe plus en Belgique francophone mais on fait de l’opinion autrement. » Les journaux sont devenus, analyse Frédéric Antoine (UCL), un espace où les opinions se juxtaposent. Aux lecteurs de se les approprier. Et de rappeler une autre époque quand, il y a vingt ans, « personne ne signait un article dans La Libre Belgique car l’esprit du journal se retrouvait dans chaque article. »
Quant au pouvoir que l’on impute aux éditorialistes flamands, Baudewijn Van Peteghem estime qu’il n’est plus d’actualité. « Ce n’est plus à l’époque où un éditorialiste flamand avait une réelle influence. Aujourd’hui, ce qui va avoir du poids sur le monde politique, ce sont les manchettes et les titres. Quand on titre ‘Ca ne va plus, Yves Leterme’, cela a beaucoup plus d’impact qu’un édito. »

L’émotion, un héritage de l’affaire Dutroux

Ce dimanche-là, la marche n’était pas blanche mais tricolore. Les drapeaux étaient de sortie… et les médias aussi. « On a senti qu’ils bougeaient autrement à la mort du roi Baudouin. Puis il y a eu l’affaire Dutroux, moment où ils se sont positionnés de manière différente« , explique Frédéric Antoine (UCL) « On voit apparaître des éditoriaux, défendant des points de vue, de plus en plus fréquemment. Les journaux sont remplis de courriers de lecteurs alors qu’internet et les blogs ne fonctionnaient pas encore. Aujourd’hui, on retrouve des mécanismes proches de ceux-là. La presse redécouvre des éditorialistes, en tout cas du côté francophone. Les rédacteurs en chef se voient réinvestis d’un rôle. Sans parler de la place que reprennent les usagers des médias. » Tous guidés par l’émotion ? « On n’est pas dans un pays où on parle de politique. Les drapeaux, les marches, s’exprimer dans les médias : c’est l’héritage de l’affaire Dutroux. Même lors de l’incendie de l’Inno, qui avait fait 200 morts, on n’a pas communiqué comme ça sur l’émotion. Dans les années 90, on s’est rendu compte que les lecteurs pouvaient être coproducteurs du récit médiatique. » Une émotion qui transparaît jusqu’au plateau du débat dominical animé par Pascal Vrebos sur RTL TVI. « On est beaucoup plus proche du talk show que du débat. Ce qui compte, c’est la personnalité de l’animateur. Tout est focalisé et organisé autour de lui et cette mise en scène est déterminante. »

Stéphane Rosenblatt, directeur de l’information de RTL, réaffirme que l’émotion est propre à l’audiovisuel. « Relater l’émotion ne veut pas dire la relayer. C’est ce que nous avons toujours essayé de faire sur nos chaînes. Vous pouvez aussi être le relais entre le téléspectateur et l’auditeur sans être celui de la démagogie et du poujadisme. C’est la part que vous donnez au travail journalistique et qui est pour nous très important. »

Alors qu’au nord du pays, on dit réagir d’avantage de manière rationnelle, pragmatique. « On prend les choses de manière beaucoup moins émotionnelle, affirme Luc Pauwels (VRT TV). Au JT, on rapporte les faits et on n’interprète pas tellement car il y a d’autres émissions pour ça. »

Une agora symbolique

Si les médias informent, ils donnent aussi la parole à des citoyens qui « ne veulent plus être spectateurs de leur histoire : ils veulent se la réapproprier. C’est le retour du média comme acteur social« , souligne Frédéric Antoine (ORM). Et Benoît Moulin (RTBF) abonde dans ce sens : « Toutes les plates-formes interactives sont prises d‘assaut et les débats y sont enrichissants. Bien sûr, on surveille le contenu mais les commentaires que nous devons évacuer représentent à peine 2% du volume total. Les nouvelles technologies permettent aux médias de jouer leur rôle de médiateur et d’impliquer un peu plus le citoyen dans le débat. »

Dans La Libre Belgique, les débats font l’objet d’une page qui, il y a quelques années, se souvient, Laurent Hoebrechts, prenait la forme d’une « rubrique coincée entre deux nécros. » Un espace qui connaît son succès au point que la page est régulièrement « rapatriée » dans les pages Evénements. « Ce n’est pas toujours évident à digérer, car les emails peuvent être anonymes, leur forme est différente de celle d’un courrier traditionnel. On récolte pas mal de réactions on les exploite, on les publie mais c’est plus une vitrine qu’on offre. »

A Vers L’Avenir, la crise « est tombée au bon moment« , se réjouit Pascal Belpaire, « dans la mesure où on a lancé, le 22 mai, une page forum qui est la dernière page du journal. Elle crée le lien entre nos éditions papier et notre site internet, www.actu24.be. On a vu le volume des réactions croître de manière très forte et on a vu le forum devenir de plus en plus un vrai espace d’expression. Les e-mails que nous recevons sont aujourd’hui plus structurés. Ils ont plus de fond, plus de contenu. Ce sont des matériaux plus exploitables dans la version papier, où la dimension de réflexion est plus importante que sur le site web. Une grande difficulté est celle de l’anonymat des lecteurs (Fricadelle, Belgium1point…) qui est détonant par rapport à notre image de sérieux. »

Des débats qui ne passionnent pas les lecteurs de Sud Presse, commente Hubert Van Slembrouck. « On ne croule pas sous les commentaires sur notre site. On a dix fois plus de réactions quand on pare de Franky Vercauteren que de crise politique ! »

Les pièges de l’anonymat »

Au jeu des courriels et des SMS, la télé, elle, pourrait se prendre à son propre piège. « Qui dit que la personne qui envoie le SMS n’est pas un collaborateur de Joëlle Milquet », se demande Frédéric Cauderlier (RTL TVI). « Le nombre de réactions est surprenant. Bien sûr, une série de filtres sont mis en place. Pourquoi les gens ne pourraient pas s’exprimer quand le but est d’alimenter un débat ? »

Paroles de citoyens

Laurence Mundschau (UCL) a étudié l’abondant courrier des lecteurs, dont les nouvelles technologies et la multiplication des supports favorisent le développement. « Je suis étonnée car peu de courrier faisait mention de sentiments. Il s’agit d’avantage de message expressifs et de constats. Le lecteur se sent également extérieur, pas concerné. A un troisième niveau, il y a condamnation. Le vocabulaire devient parfois violent, on parle de carnage. » Et le discours citoyen se transforme au rythme de la crise. « Il propose des solutions de conciliation en août pour adopter un ton plus radical en novembre. » Laurence Mundschau relève encore que « la multiplication des agoras fait qu’on ne sait plus où communiquer, où parler. »

De son côté, Sarah Sepulchre (UCL) s’est plus particulièrement intéressée au blog de Matin Première (RTBF)*, lancé fin septembre. « L’avantage du blog par rapport à l’antenne, c’est que le matériel reste disponible mais, le désavantage, c’est le volume. En seulement deux mois, il y a eu 330 billets postés par la rédaction et 1.554 commentaires. Tous sont validés par quelqu’un de la rédaction. Entre 5 ou 10% seulement passeraient à la trappe pour des propos racistes, injurieux, etc. Le blog est utilisé pour argumenter l’antenne mais il se distingue de l’opinion publique. » Elle remarque encore l’importance du « tous pourris » dans les commentaires déposés. Il s’agit, pour elle, d’une différence de taille par rapport à la presse écrite. « L’idée que si on en est là, c’est à cause des politiciens revient très souvent. Il y a une fracture totale entre le monde politique et les auditeurs. »

*Voir l’intégralité de son intervention sur www.bloggingthenews.info/blogging_the_news/2007/11/orm-sarah-sepulchre-et-le-blog-de-matin-premiere.html

Les médias acteurs de la vie politique

« Aujourd’hui, la communication politique n’est plus la classique communication gouvernementale à sens unique, qui va du politique vers le citoyen, expose Frédéric Cauderlier (RTL TVI). Elle intègre un troisième acteur intermédiaire : les médias. Il y a une professionnalisation de la communication politique (communiqués, conférences de presse, etc.) Quant à l’opinion publique, elle peut à la fois être spectatrice et actrice. Mais les médias peuvent également jouer un rôle d’acteur. Le débat politique du dimanche midi, par exemple, c’est leur rôle d’agenda. »

L’influence internationale

On reproche à nos collègues étrangers leur méconnaissance du complexe système belge et celle de nos langues nationales (« Vous ne lisez que Le Soir ! », fustige Filip Rogiers du Morgen).. Et Michaël Stabenow, représentant de l’Association de la presse internationale (API)* et correspondant à Bruxelles, où il est en poste depuis plusieurs années, du Frankfurter Allgemeine Zeitung, reconnaît que la grande majorité des 1.200 journalistes accrédités à Bruxelles ont peu d’expérience de la politique belge puisqu’ils couvrent essentiellement l’actualité européenne. « Mais, souligne Béatrice Delvaux, la presse internationale a joué son rôle en étant la première à poser la question sur la scission du pays. »

Pour Jean-Pierre Stroobants (Le Monde), l’influence de la presse étrangère est indéniable (« Le monde politique belge communique de plus en plus au Monde. ») Et d’évoquer cette rencontre qui eut lieu, mi-octobre, avec son confrère de Libération Jean Quatremer, dans le bureau du commissaire européen Louis Michel, qui leur avait déclaré** : « Il y a un excès de catastrophisme dans les journaux étrangers et cela a un effet rebond chez nous. Quand les Belges lisent ça, ça en rajoute une couche. »

* Dans un communiqué publié le 10 octobre, l’API répond aux attaques dont la presse étrangère a été victime, accusée « par bon nombre de responsables politiques belges d’accréditer une image inexacte de la situation politique en Belgique. (…)De telles affirmations ne correspondent non seulement aucunement à la multitude des points de vue exprimés dans les articles parus dans la presse étrangère et dans les émissions étrangères, mais paraissent tendancieuses et injustifiées. Elles sont la source d’un malaise croissant qui s’est fait jour parmi les quelque 1.000 correspondants étrangers en Belgique. »

**Lire également sur le blog de Jean Quatremer, « Les coulisses de Bruxelles » : http://bruxelles.blogsion.fr/coulisses/2007/09/louis-michel-ou.html

Laurence Dierickx

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