Où sont les femmes ?
« La profession de journaliste se féminise », entend-on régulièrement. Certains assenant même dans la foulée « ce qui explique pourquoi elle se précarise… » La Journée internationale des femmes permet de remettre les pendules à l’heure une fois l’an : si la profession se précarise, les femmes n’y sont vraiment pas pour grand-chose : le journalisme reste une profession très majoritairement masculine : en moyenne nationale, en 2007, tous médias et statuts (salarié et indépendant) confondus, on ne compte que 29% de femmes (28% en Communauté flamande, 29% en Communauté française)(1). Ce qui est cependant mieux qu’il y a dix ans : en 1997, on dénombrait 22% de femmes. Mais à ce rythme là, il faudra encore plus de trente ans pour que la profession soit composée d’autant d’hommes que de femmes et qu’elle reflète ainsi le palmarès des écoles de journalisme dont les étudiantes forment depuis de nombreuses années la majorité des diplômés. A moins que la « féminisation » de la profession ne s’accélère, ce que les chiffres sur une aussi courte période ne permettent pas encore d’affirmer, même si certains signes semblent le montrer : ainsi, sur l’ensemble des nouveaux journalistes professionnels agréés en 2006, il y a 47% de femmes. Par contre, dans le groupe des journalistes stagiaires de la même année, on retombe à 38% de femmes. Le pourcentage global de 29% de femmes dans la profession cache des disparités importantes. Ainsi, il y a davantage de femmes dans les rédactions audiovisuelles (31% en moyenne) qu’en presse quotidienne (25% en moyenne). Voici la déclinaison de ces pourcentages par rédaction qui concernent donc les journalistes salarié(e)s :
– BRF 20%
– RTBF 30%
– RTL-TVi 31%
– Télés locales 36%
Dernière Heure-Les Sports 12%
– Grenz Echo 14%
– Ed. de l’Avenir 19 %
– Le Soir 21 %
– La Libre 30 %
– L’Echo 32 %
Le meilleur élève de la classe « PQ » est Sud Presse, avec 33% de femmes, et le score est identique pour l’agence Belga. Ce sont enfin les hebdos dont les rédactions affichent le plus haut pourcentage de femmes avec 50% au Vif comme au Trends. A noter encore qu’en Communauté française, le pourcentage de femmes dans la catégorie des journalistes indépendants est fort semblable au pourcentage global de femmes dans la profession : 28%. En Flandre, les femmes ne représentent que 20% de l’effectif des indépendants.
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a consacré une étude intéressante (2) à la question des femmes et des médias. Etude dont la principale recommandation est de mettre en place des… études précises pour cerner notamment les causes de la sous-représentation des femmes dans les rédactions. Il serait intéressant en effet de comprendre pourquoi à un certain moment de leur carrière les femmes sortent de la profession, pourquoi les hiérarchies rédactionnelles restent à ce point masculinisées, ou encore pourquoi le Conseil de direction de l’AJP ne compte que 10% de femmes. Mais avec 80% de femmes, le staff de l’AJP rétablit quelque peu l’équilibre. Allez, c’était pour le rappel de piqûre annuel. Très bonne Journée internationale à tous et à toutes !
M.S.