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Campagne PPP

Campagne indépendants : la rencontre de Mons

01/03/2005

Une quinzaine de journalistes indépendants ont participé à la rencontre de la Maison de la Presse de Mons, ce qui est un score encourageant vu l’éparpillement des rédactions en Hainaut.

Chaque journaliste témoigne d’une situation différente. Certains sont satisfaits de leurs revenus, d’autres non ; mais toutes et tous ont des difficultés de vie personnelle : même si certains tarifs sont considérés comme satisfaisants, tous mettent en avant la précarité de la profession.

Témoignages

« Je ne peux jamais prendre congé ni tomber malade, ni même faire une pause, et les vacances je ne sais pas ce que c’est« .

« Si je proteste, on me menace de retrait de travail ».

« Je travaille tellement – et pour si peu – que je ne peux pas dégager du temps pour d’autres collaborations qui me permettraient de compléter mes revenus ».

« La banque m’a refusé un prêt hypothécaire ».

« Je n’arrête pas de travailler, mais je ne sens pas que j’ai un statut social « .

« Je dois faire abstraction de ma vie sociale et privée, je risque des difficultés familiales à cause de mon métier, tant on me demande de la productivité« .

« Mon travail, j’en vis, mais est-ce que je vis ?« .

« Moi, j’ai dû retourner habiter chez mes parents, car je n’en sortais plus ».

« Je ne pourrais pas nouer les deux bouts sans le salaire de mon conjoint ».

« Je suis perpétuellement fatigué, au point que je ne suis pas toujours en mesure de me concentrer et de bien réagir dans la couverture d’un événement ».

« Comment concilier éthique professionnelle et rentabilité ? »

« Quel paradoxe, quelle schizophrénie d’écrire sur les statuts précaires des autres ou la nouvelle pauvreté et d’être soi-même un travailleur précaire, exploité et proche du seuil de pauvreté, alors que les gens envient votre boulot ! »

Un paradoxe qui ne ne s’explique souvent que par la passion du métier, bien présente, chez les journalistes indépendants. Une passion qui fait d’ailleurs partie du chantage permanent exercé par les employeurs du secteur.

Les faux-indépendants

Les faux-indépendants existent, en audiovisuel particulièrement : à des postes de responsabilité, avec forfait mensuel, heures de prestation fixes et heures supplémentaires rémunérées ; ou encore en télévision locale avec un forfait pour trois heures quelle que soit la durée du reportage et un tarif distinct pour le montage, ce qui porte une journée complète de travail à 60 euros !

On constate une grande disparité dans les tarifs pratiqués en presse écrite (du simple au double par exemple entre la DH et Le Soir). Le paiement forfaitaire est la règle, non le prix à la ligne. Dans un média sur deux, un article commandé mais non paru n’est pas payé. Quant aux photos, elles peuvent être bradées à 7,50 euros/pièce en information générale, tandis que – dans le même journal – les photos sportives sont rétribuées 12 euros/pièce. Ce bradage des prix résulte aussi de la concurrence des correspondants non professionnels, abondamment utilisés pour l’info locale. Avec des questions importantes au plan de la déontologie également : les correspondants sont parfois eux-mêmes la source de l’info qu’ils traitent comme dans le compte-rendu d’un conseil communal du Borinage par un « pigiste élu PS » …

Revoilà les étudiants-stagiaires

Comme à Liège, on dénonce également le recours systématique aux étudiants-stagiaires, non rétribués. Ainsi une radio grossit parfois son équipe de 7 ( !) stagiaires sur une même semaine, y compris pour réaliser des interviews et monter des sons. Le travail du journaliste professionnel se limite à assurer l’antenne du journal…

– Comme à Liège et à Charleroi, les indépendants montois formulent une série de propositions pour la campagne : créer un groupe de travail pour un statut social « spécifique » ; continuer à faire la chasse aux rédactions qui exploitent de faux indépendants (dont certains sont assujettis à faire du desk et à « pointer » à la rédaction du journal) ; rappeler explicitement à tous les membres indépendants que l’AJP peut leur assurer une assistance judiciaire (et fiscale en particulier) ; fournir une information « consommateurs » sur les secrétariats sociaux existants et sur les associations proposant un statut salarié ponctuel (« Smart ») ; continuer à informer le monde étudiant et les écoles de journalisme sur la situation réelle et les droits des indépendants.

Dominique NAHOE

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